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Sandouville reprend le travail sans penser à l'affaire Renault

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par Marc Parrad SANDOUVILLE, Seine-Maritime (Reuters) - Les quelque 2.500 employés de l'usine Renault de Sandouville ont repris le travail après...

par Marc Parrad

SANDOUVILLE, Seine-Maritime (Reuters) - Les quelque 2.500 employés de l'usine Renault de Sandouville ont repris le travail après quatre semaines d'arrêt, avec trop de soucis pour se préoccuper de l'affaire d'espionnage industriel dont se dit victime le constructeur automobile français.

Malgré la future installation d'une chaîne de fabrication de véhicules utilitaires, les ouvriers de l'usine située en Seine-Maritime s'inquiètent pour leur avenir.

Vendredi dernier, les tôliers et les emboutisseurs avaient repris le chemin de l'usine. Lundi, c'était au tour des peintres et du département qualité.

Mardi, les salariés du montage fermeront la boucle d'un long arrêt que Vincent Lefrançois, secrétaire FO de l'usine, résume ainsi: "On a eu deux semaines de chômage technique et on a dû prendre à la suite la cinquième semaine de congés payés 2010 et la cinquième semaine de congés payés 2011.

"Lors du dernier comité d'entreprise, la direction a prévenu qu'il y avait 500 salariés en trop sur 2.492", ajoute-t-il. "Les gens sont inquiets. L'affaire actuelle d'espionnage, ça leur passe par dessus la tête car on a trop d'interrogations sur notre travail en 2011".

Renault a envoyé des lettres de licenciement aux trois cadres qu'il soupçonne d'avoir divulgué à l'extérieur des informations sur son programme de voitures électriques.

Le constructeur automobile, qui a porté plainte contre X dans cette affaire d'espionnage présumé, avait reçu la semaine dernière les trois salariés mis en cause pour un entretien préalable à licenciement pour faute lourde.

INTERROGATIONS

Pendant les quatre semaines d'interruption de production, le site de Sandouville a commencé à se préparer à sa transformation pour fabriquer des véhicules utilitaires.

Actuellement, deux chaînes servent à fabriquer les Laguna et les Espace. A terme, il n'y en aura plus qu'une afin de réserver la deuxième pour les nouveaux modèles dont la fabrication doit commencer en 2012.

Mais des interrogations demeurent sur le nombre de véhicules qui seront montés à Sandouville et sur le nom même du modèle.

Selon Patrick Meriat, délégué CFE-CGC du site, il pourrait s'agir de 60 à 80.000 voitures/an mais, ajoute-t-il, "on n'a encore aucune précision".

Antoine, qui travaille à Sandouville depuis 1975, est monteur. En déplacement, il n'a pas été prévenu de la date de reprise et s'est dérangé pour rien. Pour lui, ce sera demain.

Pas trop inquiet des jours à venir, il s'intéresse à l'affaire d'espionnage interne: "Si c'est vrai, ça fait mal pour Renault", dit-il.

A 15h10, l'heure de sortie des équipes présentes, les ouvriers regagnent leurs cars en vitesse. Pressés mais diserts quand il s'agit de "leur" usine. Jean-Jacques, un tôlier de 44 ans a des motifs de crainte mais aussi d'espoir lorsqu'il évoque la possibilité de pouvoir fabriquer les V.U. de Renault, Nissan et Opel.

"On doit le savoir le 10 février, quand le PDG va parler", dit-il avant de rappeler la signification de la fermeture de Noël.

"Quatre semaines d'arrêt, ça ne s'est jamais fait, et ce n'est pas fini pour cette année,".

"C'est le début de la fin", sourit tristement Max, derrière ses 38 ans de maison. A 56 ans, il espère pouvoir bénéficier des mesures de retraite anticipée - payée par Renault - dans deux ans. "Si je peux manger après avec 75% de mon salaire brut", dit-il.

La formule est approuvée par Josiane, autre employée de Sandouville, mais elle voudrait en savoir plus.

"La direction n'a pas encore donné les véritables modalités de départ, si par exemple seront comptées les journées de chômage", dit-elle.

Edité par Patrick Vignal