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Salariés restés sur site en confinement: 53% ont déclaré "travailler plus"

Du 20 avril au 25 mai, 830 travailleurs qui ont poursuivi leur activité sur site pendant le confinement ont répondu au questionnaire de l'Anact en ligne. Leurs réponses apportent un éclairage sur les conditions du maintien de l'activité in situ en période de crise sanitaire.

Du 20 avril au 25 mai, 830 travailleurs qui ont poursuivi leur activité sur site pendant le confinement ont répondu au questionnaire de l'Anact en ligne. Leurs réponses apportent un éclairage sur les conditions du maintien de l'activité in situ en période de crise sanitaire. - Alain Jocard-AFP

Selon une enquête de l'Anact auprès de 830 salariés ayant poursuivi leur activité sur site pendant le confinement, 53% ont déclaré travailler "plus qu'à l'ordinaire" dont 23% "beaucoup plus". La période s’est traduite, pour 52% des répondants, par de nouvelles missions.

Quelles ont été les conditions de travail et le ressenti des salariés ayant travaillé sur leur site durant le confinement. Une enquête réalisée par l'Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail (Anact) auprès de 834 travailleurs (méthodologie dans encadré ci-dessous) apporte un éclairage inédit sur le vécu de ceux ayant poursuivi leur activité in situ en période de crise sanitaire.

Pendant la crise, "l’adaptation généralisée de l'organisation de travail s’est traduite par un investissement professionnel accru pour une majorité de répondants : 53% d’entre-eux déclarent ainsi avoir travaillé plus, dont 23 % beaucoup plus" souligne l'enquête.

"67% des salariés se sentent plus fatigués"

Mais, dans ce contexte, "un sentiment de fatigue accrue est perçu par une part importante de répondants (67% se sentent ainsi plus fatigués - dont 25 % beaucoup plus), couplé avec un sentiment d’efficacité moindre (pour 36%) voire d’une incapacité, pour une part importante de salariés, à réaliser les missions habituelles (42%)" ajoute l'Anact.

Au démarrage de la période de confinement, l'information sur les mesure de prévention a été dispensée de manière généralisée: quasiment tous les répondants (94%) déclarent avoir été informés des mesures de prévention du risque de contamination et 90 % estiment avoir eu accès à des équipements leur permettant de se protéger et de nettoyer leur espace de travail, à l'exception de 27% des répondants qui ont estimé l'équipement en quantité insuffisante. Et 73% des répondants déclarent que leur espace de travail a été aménagé pour respecter les règles de sécurité et de distanciation physique alors que 26% estiment que cela n’a pas été le cas.

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De même, 75% ont vu leurs objectifs de travail revisités en matière de résultats et /ou de délais même si 23% n'ont pas bénéficié de cette révision.

"L’adaptation de l'activité a également pris la forme d’aménagement des horaires, des rythmes (62%), des postes de travail (52%), des méthodes et procédures à appliquer (48%). Elle s’est traduite, pour un peu plus de la moitié des répondants, par de nouvelles missions", explique l'étude qui précise que 16% des répondants les ont vécues comme une contrainte.

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Pour une très large majorité des répondants, des échanges réguliers avec leur responsable hiérarchique ont été organisés dès le début de la crise, et pour plus de 62% d’entre eux, à hauteur d’au moins un échange par semaine.

74% des répondants se sont sentis soutenus par leur manageur

Dans ce contexte, "74% des répondants se sont sentis soutenus par leur manager et 84% par leurs collègues de travail (avec une proportion moindre pour les agents du service public ainsi que les non-managers)" ajoute l'Anact. Selon l'agence, "la relation managériale de proximité semble avoir été maintenue – et sans doute renforcée dans la période" même si un quart des répondants (25%) ne se sentent ainsi pas assez soutenus par leur manager.

Derrière les chiffres indiquant au global de bonnes relations managériales et de travail, plusieurs points de vigilance doivent être soulevés, selon l'agence. En effet, 20% des répondants estiment que les relations de travail se sont dégradées depuis le début de la crise et jusqu'à 39% ressentent un manque d’équité en matière de répartition des missions au sein de leur structure.

"Ces sujets demandent à être pris en compte rapidement pour éviter que ne se développent des tensions avec des effets sur la santé des personnes et sur la dynamique collective", conclut l'Anact.

l'enquête de l'anact a porté sur 67% de salariés du secteur privé

Selon l'enquête réalisée par l'Anact via un questionnaire mis en ligne sur son site (du 20 avril au 25 mai), 62% des répondants étaient des femmes, 34% des personnes âgées de moins de 45 ans,ans, 63% de plus de 45 ans et 67% travaillent dans une structure privée ou associative (29% dans le secteur public). Ils ou elles étaient 23% à exercer dans une structure de moins de 50 personnes, 33% dans une structure de 50 à 249 personnes, 11% dans une structure de 250 à 499 personnes et 29% dans de grosses structures, de plus de 500 personnes. 52% exercent une fonction managériale et 64% sont en contact avec des clients ou des usagers
dans le cadre de leur activité professionnelle.

Frédéric Bergé