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Emploi

Retraites : qui doit payer ?

Les pensions pourraient être partiellement gelées pendant cinq ans, demande le patronat.

Les pensions pourraient être partiellement gelées pendant cinq ans, demande le patronat. - -

Ce jeudi, patronat et syndicats doivent trouver un accord sur le financement des complémentaires retraites pour le privé. Le Medef veut geler les pensions, les syndicats demandent en échange une hausse des cotisations. Entre les deux, des retraités demandent qu’on ne touche pas à leurs revenus.

L’accord sur l’emploi à peine validé, c’est un nouveau marathon qui se termine ce jeudi : patronat et syndicats se retrouvent au siège du Medef pour une ultime séance de négociations sur le financement des caisses de retraites complémentaires du secteur privé. L'Agirc (retraites complémentaires des cadres du privé) et l'Arrco (tous les salariés du privé) sont en grave déficit : 4,5 milliards d'euros en 2012. Puisant dans leurs réserves pour verser les pensions des retraités chaque mois, leurs trésoreries s'assèchent et l'Agirc ne devrait plus pouvoir verser de pensions en 2017, l’Arrco n'ayant plus qu’un an devant elle !
Pour renflouer les caisses, le Medef propose de geler partiellement les pensions des 11 millions de retraités concernés pendant 5 ans, ce qui affecterait leur pouvoir d’achat, mais Michel Sapin, ministre du Travail, s'est dit opposé à ce que l'on touche aux petites retraites de moins de 1 400€ par mois. De leur côté, les syndicats réclament en échange de ce gel de 5 ans une augmentation des cotisations, dont s'acquittent à la fois les employeurs et les salariés du privé, mais le patronat est contre, jugeant que les entreprises payent déjà trop de charges.

« Il faut piquer dans toutes les poches »

Pour Jacques Bichot, professeur d'économie à l'Université de Lyon et spécialiste des retraites, que ce soit d’une façon ou d’une autre, il faut mettre les retraités à contribution. « Ils ne peuvent pas être épargnés, c’est clair, parce qu’on est obligé de piquer dans toutes les poches, constate le professeur. Les retraités ne sont pas mal placés en France, nous sommes quand même dans un pays où les retraites sont assez généreuses par rapport aux standards internationaux, donc ce n’est pas scandaleux de leur demander quelque chose. Les caisses sont à sec, malheureusement il n’y a pas d’autre solution, c’est indispensable ».

« Il n’y a pas de raison »

Mais du côté des retraités, la proposition a beaucoup plus de mal à passer. François Bellanger, président de la Confédération Française des Retraités, fait remarquer qu’ils apportent déjà leur contribution à la solidarité nationale : « La génération des retraités aujourd’hui non seulement aide ses enfants quand ils sont en difficulté ou ont du mal à s’installer, mais aussi ses propres parents, qui sont parfois en perte d’autonomie parce qu’ils sont très âgés. Le discours qui consiste à dire "les retraités sont des nantis, il faut les mettre à contribution", pourquoi ? Pourquoi les cibler eux, particulièrement ? Il n’y a pas de raison ».

Mathias Chaillot