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Renault visé par les salariés de la Fonderie du Poitou

Les salariés de la Fonderie du Poitou Aluminium dans la Vienne (Groupe Montupet) ont à nouveau bloqué leur usine durant 24 heures jeudi et vendredi pour protester contre Renault, leur principal client, accusé de n'avoir pas tenu ses engagements. /Photo d'

Les salariés de la Fonderie du Poitou Aluminium dans la Vienne (Groupe Montupet) ont à nouveau bloqué leur usine durant 24 heures jeudi et vendredi pour protester contre Renault, leur principal client, accusé de n'avoir pas tenu ses engagements. /Photo d' - -

BORDEAUX (Reuters) - Les salariés de la Fonderie du Poitou Aluminium dans la Vienne (Groupe Montupet) ont à nouveau bloqué leur usine durant 24...

BORDEAUX (Reuters) - Les salariés de la Fonderie du Poitou Aluminium dans la Vienne (Groupe Montupet) ont à nouveau bloqué leur usine durant 24 heures jeudi et vendredi pour protester contre Renault, leur principal client, accusé de n'avoir pas tenu ses engagements.

Les salariés ont levé le blocus vendredi après-midi non seulement de leur usine et de l'usine voisine la Fonderie du Poitou Fonte (groupe Teksid), également fournisseur de Renault.

Ils ont bloqué jeudi après-midi les portails d'accès des camions, empêchant tout départ ou arrivée de marchandises dans les deux sites, mais ont laissé l'accès libre aux salariés.

Une majorité des 480 salariés de cette usine située à Ingrandes sur Vienne avait déjà mené une grève de près de deux mois en septembre et octobre pour protester contre un plan de compétitivité de la direction prévoyant des baisses de salaires de 15% pour les cadres et jusqu'à 25% pour les ouvriers.

Le tribunal de commerce de Niort avait placé l'usine en redressement judiciaire en octobre dernier à la demande du groupe Montupet, déterminé à se désengager et à favoriser la recherche d'un repreneur.

Le mouvement d'action des salariés s'était terminé le 27 octobre par la signature d'un accord avec l'administrateur judiciaire, qui avait notamment constaté "la caducité du plan de compétitivité", déjà condamné par le gouvernement.

Quelques heures avant la signature du protocole d'accord, les représentants de l'intersyndicale CGT-FO-UDT-CFE/CGC avaient été reçus par le ministre de l'Industrie Eric Besson, lequel avait indiqué que le PDG de Renault, Carlos Ghosn, s'était engagé à maintenir ses approvisionnements auprès de l'usine, laquelle fournit des culasses pour ses moteurs.

APPEL A SARKOZY

Dans un communiqué, le ministre avait précisé que cet engagement du constructeur automobile permettrait "d'assurer le plan de charges du futur repreneur, sous réserve que celui-ci continue de satisfaire aux exigences industrielles".

La colère est montée d'un cran cette semaine lorsque, selon les syndicats, la direction a annoncé une chute de commandes de Renault passant de 16.000 à 8.000 culasses par semaine, "une baisse drastique qui ne peut qu'entraîner la liquidation de l'usine", selon Géry Bégeault, représentant CGT.

Le sénateur de la Vienne et ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a d'ailleurs envoyé un courrier à Nicolas Sarkozy mercredi dans lequel il lui demande, "devant la gravité et l'urgence de la situation", de bien vouloir intervenir personnellement "dans ce dossier très symbolique des difficultés industrielles de notre pays".

Cette crainte est d'autant plus vive que le tribunal de commerce de Nanterre doit se réunir le 30 novembre pour décider de la poursuite ou non du redressement judiciaire.

"Ce qu'on redoute, c'est que le tribunal décide la liquidation judicaire avec poursuite d'activité", précise Géry Bégeault.

Une réunion entre l'administrateur judiciaire et Renault est prévue lundi. L'avenir de l'usine se jouera sans doute là et les salariés attendront les résultats de l'entrevue pour prendre des décisions sur la reprise ou non de leurs actions.

Claude Canellas, édité par Yves Clarisse