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Emploi

Réforme du RSA: pour Olivier Dussopt, le travail est le meilleur moyen pour "lutter contre la pauvreté"

Le ministre du Travail a une nouvelle fois défendu la réforme du RSA, comparée à du "travail forcé" par certains de ses opposants.

"Ça me dépasse !", s'emporte Olivier Dussopt en évoquant les contestations formulées à gauche contre la réforme du RSA. "Certains à gauche nous ont expliqué qu'investir à l'horizon 2027 un milliard d'euros dans l'insertion ça s'apparentait à du travail forcé", déplore-t-il, dans un entretien accordé au Télégramme ce dimanche 22 octobre.

Le projet de loi dit "plein emploi", qui prévoit notamment une réforme du revenu de solidarité active (RSA), a été adopté en première lecture à l'Assemblée le 10 octobre dernier. Pour rappel, il prévoit que toutes les personnes au RSA devront réaliser 15 heures d'activités par semaine (stage, coaching, immersion en entreprise…). Si Olivier Dussopt ne souhaitait pas inscrire un nombre d'heures précis dans la loi, il a finalement dû faire marche arrière sous la pression des Républicains. Des dispenses pourront toutefois être accordées aux personnes rencontrant des "difficultés particulières et avérées", comme un handicap ou des problèmes de garde.

Une mesure très critiquée à gauche que le ministre continue de défendre avec force. "Je ne connais pas plus efficaces que le travail pour lutter contre la pauvreté", estime-t-il dans les colonnes du quotidien régional.

"Quand on est de gauche comme moi, on n'est pas quitte de notre devoir de solidarité quand on a donné 607 euros à quelqu'un. Ça s'appelle la charité ou la bonne conscience", ajoute-t-il.

Le texte doit désormais faire l'objet d'une négociation entre députés et sénateurs pour tenter de parvenir à une version commune du projet de loi, déjà adopté en juillet par la chambre haute.

56 branches sous le Smic, soit 5 millions de salariés

Interrogé sur la conférence sociale sur les salaires et les carrières organisée le 16 octobre par le gouvernement, Olivier Dussopt a voulu souligner ses effets concrets comme la rencontre organisée "prochainement" avec les représentants des branches professionnelles dont les grilles de salaires se trouvent sous le Smic.

"Il y en a 56 au 13 octobre, cela représente presque cinq millions de salariés", a-t-il rappelé.

Mais c'est surtout la menace brandie en début de semaine par la Première ministre Elisabeth Borne qui est ressortie de ces discussions. "Si nous ne constatons pas de progrès significatifs d'ici le 1er juin 2024, le gouvernement proposera au Parlement un texte de loi qui permettra de calculer les exonérations, non pas sur la base du Smic, mais sur la base du minima de branche", avait déclaré la Première ministre en clôturant la conférence sociale.

Pourquoi les bas salaires sont-ils rattrapés par le Smic?
Pourquoi les bas salaires sont-ils rattrapés par le Smic?
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Dans les colonnes du Télégramme, le ministre du Travail confirme le délai du 1er juin 2024 laissé aux entreprises pour se mettre en conformité. Il précise également que ces dernières peuvent échapper à la baisse d'exonérations de cotisations en faisant mieux que leur branche de rattachement sur les bas salaires.

"Si, au 1er juin 2024, ces branches n'ont rien fait, nous ferons en sorte que les entreprises n'ayant pas de dynamique salariale mieux-disante que celle de leur branche de rattachement soient sanctionnées par une modulation des exonérations de cotisations", explique Olivier Dussopt.

Nina Le Clerre