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Quand l’exécutif multiplie les annonces sur la formation professionnelle des chômeurs

Le gouvernement revendique un demandeur d'emploi formé sur six, contre un sur dix au début du quinquennat. Il accélère ces dernières semaines pour atteindre 1,4 million de personnes formées en 2022.

Jean Castex avait préparé le terrain dès le mois de juillet. Le Premier Ministre, en visite le 15 à l’agence Pôle Emploi de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor) avec la ministre du Travail Elisabeth Borne, annonçait alors "un plan spécifique pour les chômeurs de longue durée de plus de 2 ans".

"On ne peut pas avoir lancé un plan de relance très ambitieux comme celui que nous avons lancé, si ça ne se traduit pas le plus possible par des créations d'emplois ou des retours dans l'emploi", avait lancé le chef du gouvernement.

Depuis a été annoncé le "plan de réduction des tensions de recrutement", fin septembre: parmi les mesures et le 1,4 milliard d’euros promis pour la formation en général, 800 millions sont destinés aux demandeurs d'emploi.

560 millions seront déboursés à travers de nouvelles conventions avec Pôle Emploi et les régions. "Les nouvelles formations seront ouvertes à l'ensemble des demandeurs d'emploi quel que soit leur niveau de qualification", a assuré Jean Castex dans une interview donnée aux Echos.

240 millions iront aussi aux entreprises sous la forme de primes à l’embauche en contrat de professionnalisation: sur toute l’année 2022, cette prime atteindra 8000 euros par an. Une mesure cette fois réservée aux chômeurs de longue durée, inscrits à Pole Emploi depuis plus d’un an.

Les jeunes en priorité affichée

Le gouvernement opère l’extension d’un dispositif mis en place au départ pour faciliter l’insertion des jeunes, et qui a connu cette année un franc succès : Elisabeth Borne dénombrait jeudi sur BFM Business 40.000 contrats aidés signés, contre 1600 l’année dernière.

Les jeunes sont au centre des dernières annonces, avec le lancement au mois de juillet par Emmanuel Macron du revenu d’engagement. Il doit aider 500.000 jeunes qui ne sont ni en emploi ni en étude. Alors que ce dispositif était au départ destiné aux travailleurs précaires de moins de 26 ans, ainsi qu’aux étudiants, son périmètre a été réduit, mais pas son montant (500 euros). Il prendra la suite du plan "1 jeune, 1 solution", lancé en 2020, chiffré à 9 milliards et incluant aides financières, formations et aides à l’embauche.

Cette restriction de périmètre reflète un changement de stratégie à Bercy et à Matignon: les circonstances économiques ont changé depuis la mi-2020, et les chiffres du chômage s’améliorent. Pas question donc d'entrer dans une logique d'assistance aux jeunes comme aux demandeurs d'emplois, comme le rappelle Jean Castex :

Levons toute ambiguïté, nous sommes dans une logique contractuelle. A partir du socle que contient le plan "1 jeune/1 solution", nous voulons accompagner vers l'emploi ces centaines de milliers de jeunes qui ne sont ni en emploi, ni en études ni en formation. Il faut mettre le paquet sur les chantiers d'insertion, sur l'accompagnement individualisé pour aller chercher - c'est un terme que je n'aime pas beaucoup - les décrocheurs.

Assurance-chômage et pressions sur le patronat

La priorité va donc aux demandeurs d'emploi les plus en difficulté, de longue durée, qui représentent 50,3% du total des inscrits. En témoigne la dernière annonce en date d'Elisabeth Borne : une prime de 1000 euros, réservée aux chômeurs de longue durée entrant dans une formation "qualifiante" - dans un secteur en croissance, comme la transition énergétique, le numérique ou les soins.

Pour le reste, l'exécutif va aussi activer deux autres leviers : la réforme de l'assurance chômage, entrée en vigueur au 1er octobre et qui doit notamment durcir le calcul du salaire journalier de référence (SJR) pour les inscrits à Pôle Emploi.

Face aux difficultés de recrutement, la pression est enfin mise sur le tissu économique, pour se rendre plus attractif, comme le confirme le Premier Ministre :

Il faut que les employeurs se saisissent du problème de l'attractivité aujourd'hui, comme le BTP a su le faire par le passé. Sinon, le turn-over sera sans fin et les entreprises resteront en sous-activité.
Valentin Grille