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Emploi

Pour des sondeurs, il faut des gestes sur les retraites

Nicolas Sarkozy et son gouvernement doivent rapidement donner des signes montrant qu'ils ont entendu la forte mobilisation de mardi contre la réforme des retraites, estiment des spécialistes de l'opinion. Un recul sur la mesure clé de la réforme, le recul

Nicolas Sarkozy et son gouvernement doivent rapidement donner des signes montrant qu'ils ont entendu la forte mobilisation de mardi contre la réforme des retraites, estiment des spécialistes de l'opinion. Un recul sur la mesure clé de la réforme, le recul - -

par Jean-Baptiste Vey et Nicholas Vinocur PARIS (Reuters) - Nicolas Sarkozy et son gouvernement doivent rapidement donner des signes montrant qu'ils...

par Jean-Baptiste Vey et Nicholas Vinocur

PARIS (Reuters) - Nicolas Sarkozy et son gouvernement doivent rapidement donner des signes montrant qu'ils ont entendu la forte mobilisation de mardi contre la réforme des retraites, estiment des spécialistes de l'opinion.

Un recul sur la mesure clé de la réforme, le recul de l'âge légal, est très peu probable mais rester sourd à ce mouvement de contestation croissante serait une erreur, ajoutent-ils.

"Il faut donner des signes assez rapides que le mouvement et la mobilisation ont permis d'obtenir un certain nombre d'avancées", estime Jean-Daniel Lévy de l'institut CSA.

La clé, ajoute l'analyste, "c'est la possibilité pour chacun de se dire : 'ce sera peut-être un peu difficile pour moi mais pas aussi difficile que s'il n'y avait pas eu la mobilisation'".

Les grèves et manifestations se sont amplifiées mardi, l'Intérieur annonçant 1.1 million de manifestants et la CGT 2,7 millions. Lors de la journée d'action du 24 juin, ils avaient respectivement compté 800.000 et 2 millions de manifestants.

Pour François Miquet-Marty, de l'institut Viavoice, "il est décisif aujourd'hui qu'il y ait une prise en compte et une attention accordée par l'exécutif au mouvement social".

Ceci passe par des gestes comme ceux déjà annoncés sur la pénibilité, les carrières longues, les polypensionnés et les femmes, mais aussi par une communication subtile.

"La question de l'écoute est fondamentale", poursuit François Miquet-Marty, car il y a chez les manifestants "une critique antisarkozyste d'une part et une demande de considération".

"Ça, ça passe par le style que peut prendre le gouvernement. Je me demande même si ce point là n'est pas plus important que le contenu en lui-même de la réforme des retraites", dit-il.

"TROUVER UNE SOLUTION"

En mobilisant autant, les syndicats ont marqué un point mardi, mais l'essentiel n'est pas là, estiment les analystes.

"Pour eux, c'est une victoire. Mais l'objectif, c'est d'avancer sur le projet de loi, de faire des modifications", explique Jean-François Doridot, de l'institut de sondages Ipsos.

Dans ce contexte, "on peut parler d'une victoire symbolique plutôt que réelle", ajoute-t-il.

Pour l'exécutif, le premier risque est la rigidité, le dédain.

"Considérer qu'il s'agit d'un baroud d'honneur constituerait une mauvaise analyse de la situation", estime Jean-Daniel Lévy.

Selon François Miquet-Marty, "il ne faut pas minorer l'ampleur de la mobilisation : on a des forces syndicales capables de générer un effet d'entraînement croissant."

L'exécutif dispose d'une voie de passage, soulignent ces spécialistes, car les Français sont attachés à la sauvegarde du système de retraites par répartition, menacé d'insolvabilité.

"Il ne s'agit pas d'une mobilisation contre toute idée de réforme", déclare Jean-Daniel Lévy (CSA). "C'est une mobilisation qui demande aux différents partenaires sociaux de trouver une solution".

Les Français veulent que le système soit sauvé mais "ils veulent être certains que cette réforme, au final, sera juste", ajoute-t-il.

Le Premier ministre, François Fillon, a présenté mardi le relèvement de l'âge légal de 60 à 62 ans, auquel s'opposent les syndicats, comme "un choix raisonnable et incontournable pour assurer le financement des retraites des Français".

Il a assuré dans le même temps que les manifestants seraient "respectés". "Le gouvernement entend leurs inquiétudes, le gouvernement écoute leurs propositions et il est ouvert au débat pour peu que l'on ne perde pas de vue l'objectif de la réforme", assurer la pérennité du système, a-t-il ajouté.

Si aucune réforme n'est menée, les déficits des différents régimes de retraite atteindront 40 milliards d'euros par an dès 2015, selon le Conseil d'orientation des retraites, ce qui représenterait quelque 1.300 euros par actif chaque année.

Edité par Yves Clarisse