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Plainte après le suicide d'un médecin du travail en Alsace

La famille d'un médecin du travail, qui s'est suicidé en accusant son employeur de l'avoir poussé à cette extrémité, va porter plainte contre x pour harcèlement moral. /Photo d'archives/REUTERS/Eric Gaillard

La famille d'un médecin du travail, qui s'est suicidé en accusant son employeur de l'avoir poussé à cette extrémité, va porter plainte contre x pour harcèlement moral. /Photo d'archives/REUTERS/Eric Gaillard - -

STRASBOURG (Reuters) - La famille d'un médecin du travail, qui s'est suicidé en accusant son employeur de l'avoir poussé à cette extrémité, va...

STRASBOURG (Reuters) - La famille d'un médecin du travail, qui s'est suicidé en accusant son employeur de l'avoir poussé à cette extrémité, va porter plainte contre x pour harcèlement moral, ont annoncé vendredi ses avocats.

Les salariés de France 3 Alsace, où elle exerçait depuis vingt-cinq ans, mettent en cause, de leur côté, le comportement de leurs directions successives pour expliquer cet acte.

Marie Magdeleine Gresse, 59 ans, a été découverte lundi à son domicile, où elle serait morte par injection d'une substance dont la nature n'a pas été précisée.

Cette femme qui s'était beaucoup battue contre le harcèlement moral en entreprise a laissé une lettre qui accuse son employeur, Alsace santé au travail 67 (AST 67), une association qui emploie une centaine de médecins et compte 18.000 entreprises adhérentes dans le département du Bas-Rhin.

"Ne pleurez pas, je suis mieux que soumise à la torture de l'AST 67", écrit-elle dans ce message dont des extraits ont été communiqués à la presse.

Elle avait remis récemment à son avocat, Me Emmanuel Rodriguez, un dossier contenant, de multiples attestations des pressions qu'elle subissait "de la part de son entreprise et de celles au sein desquelles elle travaillait".

Marie Magdeleine Gresse travaillait notamment au sein de France 3 Alsace où les syndicats estiment que son mal-être semble avoir fait écho à celui du personnel.

"Beaucoup de salariés sont en situation de souffrance sur des postes qu'ils n'ont pas choisi, voire carrément au placard ou en arrêt maladie", dit Michel Di Venanzio, délégué CGT.

Le syndicaliste compare les méthodes employées pour réorganiser l'entreprise à celles de France Télécom, secouée ces dernières années par une vague de suicides sans précédent.

Ce malaise social, qui dure depuis plusieurs années, s'est d'ailleurs traduit par un arrêt de travail de l'antenne régionale il y a tout juste une semaine.

Le directeur d'AST 67, Christian Deschamps, réfute toute démarche des entreprises adhérentes. "Nous n'avons reçu aucune pression de qui que ce soit pour la désengager de certaines des missions qui étaient les siennes", a-t-il dit à Reuters.

Il reconnaît en revanche que cette femme "très impliquée dans l'association" où elle était déléguée du Syndicat national des professionnels de santé au travail, était "inquiète" de l'évolution du métier.

L'inspection du travail a ouvert une enquête, a-t-il dit.

Pour Olivier Gosselin, médecin psychiatre qui travaillait avec elle, Marie Magdeleine Gresse s'était sans doute "surinvestie dans sa fonction" et a pu "programmer un suicide sacrificiel" pour "alerter l'opinion".

Gilbert Reilhac, édité par Yves Clarisse