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Pénuries: comment l'hôtellerie-restauration va intensifier le recrutement de saisonniers tunisiens

L'Umih, principal syndicat patronal de l'hôtellerie-restauration, s'apprête à signer une convention avec le gouvernement tunisien pour faciliter la venue de jeunes de ce pays désireux de travailler comme saisonniers dans le secteur.

Alors que la saison des recrutements saisonniers démarre, les embauches s'annoncent compliquées pour les professionnels de l'hôtellerie-restauration. Récemment les deux syndicats représentatifs du secteur, l’Umih et le GNI, estimaient entre 200.000 et 300.000 les emplois encore non pourvus.

Avec des étudiants qui semblent se détourner de ces jobs d'été, jugés trop contraignants et mal payés (malgré les récentes hausses de salaires), le secteur doit renforcer ses solutions alternatives notamment en allant chercher des ressources à l'étranger.

L'Umih, principal syndicat patronal de l'hôtellerie-restauration, s'apprête à signer une convention avec le gouvernement tunisien pour faciliter la venue de jeunes de ce pays désireux de travailler comme saisonniers dans le secteur.

Un dispositif déjà utilisé dans l'agriculture

Ce dispositif qui se mettra réellement en place en 2023 "restera très marginal" car "la priorité reste d'embaucher des demandeurs d'emploi en France, mais le vivier ne permet pas de pourvoir tous les postes", explique Thierry Grégoire, président de l'Umih saisonniers à l'AFP.

Depuis plusieurs années l'ANETI, l'équivalent de Pôle emploi en Tunisie, "travaille sur des mobilités de salariés saisonniers tunisiens avec le monde agricole et la FNSEA, pour compléter les besoins des entreprises lorsqu'il y a des carences sur certains types de postes", explique ce responsable qui souhaite répliquer ce dispositif dans l'hôtellerie-restauration.

"Jusqu'ici ça n'intéressait pas trop notre secteur, mais face à la pénurie d'emplois à laquelle nous sommes confrontés, nous voulons explorer cette piste supplémentaire pour embaucher des saisonniers", poursuit-il.

En réalité, ce type de dispositifs existe depuis longtemps dans le secteur. De tels accords bilatéraux ont été établis avec une douzaine de pays (Maroc, Argentine, Bulgarie, Canada, Estonie, Etats-Unis, Hongrie, Pologne...).

Blocages

Mais cette année, il semble que la Tunisie ait fait de nombreux appels du pied à la France et au secteur de l'hôtellerie-restauration pour renforcer le dispositif.

Celui-ci devrait être signé dans les prochaines semaines, en juin, avec retard car certains élements bloquent dans les négociations entre le ministère de l'Intérieur français et la Tunisie. Interrogée par BFM Business, l'Umih n'a pas précisé lesquels.

Pratiquement, le syndicat mettra en relation l'ANETI et les entreprises françaises souhaitant recruter des saisonniers tunisiens. Ils seront embauchés pour cinq mois maximum, payés selon les grilles de salaires de la branche hôtellerie-restauration en France.

Les employeurs devront pouvoir loger ces salariés tunisiens, qui déposeront leur candidature sur la plateforme de recrutement HCR-EMPLOI créée par l'Umih. Un critère sensible qui pourrait être l'un des points d'achoppement...

"La contrepartie, c'est qu'il faut absolument que l'entreprise ait cette capacité d'accueil", précise Thierry Grégoire à Franceinfo. Autant les saisonniers sédentaires ont de la famille dans le territoire qui peut les loger, autant cette population qui vient de Tunisie, il faut la loger." Et de réclamer que l'Etat mette la main à la poche pour supporter en partie ce coût...

Olivier Chicheportiche avec AFP