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Pénibilité au travail: le mal de dos touche toujours plus de salariés, de l'ouvrier au cadre

Selon une étude de l'Ifop, les troubles musculosquelettiques s'amplifient notamment à cause de la généralisation du télétravail.

Alors que les critères de pénibilité sont au coeur des débats autour de la réforme des retraites présentée par le gouvernement, une étude montre que les troubles musculo-squelettiques se généralisent de plus en plus. Quelle que soit la catégorie professionnelle.

Selon cette étude* réalisée par l'Ifop pour Percko, 69% des salariés interrogés disent souffrir du dos au travail contre 50% en 2010 (étude CSA pour l'ANACT).

Les douleurs chroniques aux épaules et à la nuque touchent 58% des interrogés (contre 45% en 2010). Plus globalement, la part de salariés disant souffrir d'au moins un trouble musculosquelettique est de 86% contre 72% en 2010.

Ce mal du siècle touche donc tous les types de salariés: les ouvriers bien sûr (88% disent être dans cette situation) qui ont des métiers physiques mais aussi les professions intermédiaires et les cadres/professions intellectuelles supérieures (84%) qui subissent les frais de leur sédentarité au travail (être assis sur une chaise toute la journée).

Les télétravailleurs ont mal au dos plus souvent que les salariés en présentiel

Le secteur de l'industrie et du BTP est bien sûr particulièrement représenté (87 et 85%) mais aussi le commerce, les services et les administrations: 86, 85 et 87%.

Par ailleurs, les femmes sont plus touchées que les hommes par ces maux chroniques puisque 90% d'entre elles disent souffrir d'au moins un trouble musculosquelettique contre 82% des hommes.

Pour les personnes interrogées, il n'y pas de doutes, ces douleurs sont liées au travail pour 77% d'entre elles (un chiffre stable par rapport à 2010).

Et la généralisation du télétravail a fait office de catalyseur puisque 93% des salariés télétravaillant à temps complet font ce lien.

D'ailleurs, les télétravailleurs ont mal au dos plus souvent que les salariés en présentiel: 46% des télétravailleurs à temps plein souffrent au moins une fois par semaine contre 33% des salariés en général (10% tous les jours).

Chez ces salariés qui souffrent régulièrement du dos, les conséquences sont nombreuses. Elles génèrent des difficultés pour mener à bien des tâches et des missions professionnelles (46% des interrogés) et débouchent sur des demandes d'arrêt de travail (34%) et même des demandes de changement de poste (15%).

Les mesures proposées par les entreprises sont jugées insuffisantes

Dans le même temps, 42% de ces salariés n'osent pas demander un arrêt de travail, un chiffre qui monte à 46% chez les ouvriers et 60% des salariés les plus pauvres (moins de 900 euros nets par mois).

Ces maux ont également pour conséquence une dégradation du moral des salariés: 63% des ouvriers et 53% des cadres et de leur vie sexuelle affirme l'étude.

Côté directions et managers, le mal de dos subi par les salariés est estimé à sa juste mesure estiment 59% des interrogés mais 39% pensent le contraire. Un chiffre qui monte à 44% dans l'administration.

A l'inverse, les mesures proposées, notamment en proposant du matériel ergonomique, sont jugées insuffisantes. A 60% pour les télétravailleurs et à 47% pour les salariés en présentiel.

Sièges ergonomiques

73% des salariés estiment ainsi que les entreprises/administrations doivent financer l’achat d’une chaise de bureau de qualité pour le travail à domicile de chacun de leurs salariés télétravaillant.

"L’intérêt de cette étude est de montrer que des troubles comme le mal de dos sont loin d’être en recul ni d’être l’apanage des travailleurs manuels: un nouveau facteur aggravant issu de l’évolution des métiers, le télétravail, semble en effet jouer sur la prévalence de ce genre de souffrance qui affecte pourtant fortement la vie professionnelle et personnelle des salariés" commente Gautier Jardon, chargé d’études senior au pôle « Actualités et politique » de l’Ifop.

"Dans ce contexte, les attentes des salariés s’avèrent fortes envers les entreprises – légalement chargées de leur garantir santé et sécurité au travail – pour financer en matériel adéquat les télétravailleurs (siège ergonomique…) et ceci, d’autant plus dans un contexte où le plan de sobriété énergétique les encourage à généraliser le travail à distance" poursuit-il.

*: L’enquête a été menée auprès d’un échantillon de 1004 personnes, représentatif de la population des salariés français. La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas. Les interviews ont été réalisées par questionnaire auto-administré en ligne du 6 au 8 décembre 2022.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business