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Emploi

Pas de sortie de la crise de l'emploi en vue selon l'ONU

L'austérité budgétaire et les réformes brutales du marché du travail n'auraient pas permis la création d'emplois et provoqué au contraire une situation "préoccupante" sur le marché mondial du travail, qui ne montrerait aucun signe d'amélioration. /Photo d

L'austérité budgétaire et les réformes brutales du marché du travail n'auraient pas permis la création d'emplois et provoqué au contraire une situation "préoccupante" sur le marché mondial du travail, qui ne montrerait aucun signe d'amélioration. /Photo d - -

GENEVE (Reuters) - L'austérité budgétaire et les réformes brutales du marché du travail n'ont pas permis la création d'emplois et provoqué au...

GENEVE (Reuters) - L'austérité budgétaire et les réformes brutales du marché du travail n'ont pas permis la création d'emplois et provoqué au contraire une situation "préoccupante" sur le marché mondial du travail, qui ne montre aucun signe d'amélioration, a estimé dimanche l'Organisation internationale du travail (OIT).

Dans les pays développés, en particulier en Europe, le chômage ne devrait pas retrouver son niveau d'avant la crise de 2008 avant la fin 2016 - deux ans plus tard que ce qui était prévu jusqu'à présent - en raison notamment de la diminution de la production, ajoute le rapport annuel de l'OIT sur le monde du travail.

Le nombre de personnes sans emploi dans le monde était estimé à 196 millions à la fin de l'année dernière et ce chiffre devrait s'élever à 202 millions en 2012, soit un taux de chômage mondial de 6,1%, précise l'agence de l'Onu.

"L'austérité n'a pas conduit à davantage de croissance", a commenté dimanche devant la presse Raymond Torres, directeur de l'Institut international d'études sociales de l'OIT.

"Les réformes du marché du travail conçues dans l'urgence ne peuvent pas non plus apporter d'amélioration à court terme", a-t-il ajouté. "Ces réformes adoptées en situation de crise conduisent généralement à davantage de suppressions d'emplois et à très peu de créations d'emplois, au moins à court terme."

Le marché du travail s'est globalement dégradé depuis six mois, avec un ralentissement particulièrement marqué dans les pays européens, a déploré Raymond Torres. Le chômage est à la hausse dans de nombreux pays, y compris dans les deux-tiers des pays européens.

"RYTHME RÉALISTE"

"L'obsession de l'austérité budgétaire dans beaucoup de pays de la zone euro renforce la crise de l'emploi et pourrait conduire à une nouvelle récession en Europe", a-t-il mis en garde.

Seuls six pays développés ont vu leur taux d'emploi augmenter depuis 2007: l'Allemagne, l'Autriche, Israël, le Luxembourg, Malte et la Pologne.

D'autres ont battu de tristes records, comme l'Espagne avec 24% de sans emploi au premier trimestre 2012, ou la France, où le chômage a atteint en mars son plus haut niveau depuis 1999, après onze mois de hausse consécutifs.

Environ 40% des demandeurs d'emplois des pays développés âgés de 25 à 49 ans sont au chômage depuis plus d'un an, ajoute le rapport, qui juge une amélioration de la formation et un renforcement des institutions plus efficaces dans ce domaine que la dérégulation du marché du travail.

Pour essayer d'"enrayer la récession en Europe", l'OIT préconise une meilleure utilisation des Fonds structurels européens, mesure défendue notamment par le candidat socialiste à l'élection présidentielle française, François Hollande, et à laquelle s'est ralliée ce week-end la chancelière allemande Angela Merkel.

L'agence de l'Onu plaide également en faveur d'une hausse des salaires minimums dans les pays européens.

"Nous sommes conscients, à l'OIT, que les déficits budgétaires ne peuvent pas rester à un niveau élevé pendant longtemps", a précisé Raymond Torres. "Il est important d'avoir une stratégie de réduction des déficits à moyen terme. Mais tout est question de rythme et de nature de cette consolidation. Le rythme doit être réaliste", a-t-il conclu.

Stéphanie Nebehay, Tangi Salaün pour le service français