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Notre-Dame: les artisans qualifiés sont-ils suffisamment nombreux pour la reconstruire?

De nombreux corps de métiers vont être mobilisés pour reconstruire Notre-Dame. Mais si les artisans ont su conserver le savoir-faire des bâtisseurs de cathédrales, ils risquent de rencontrer une pénurie de main-d'œuvre, faute de vocation auprès des jeunes.

Un chantier titanesque attend les professionnels de la restauration de monuments historiques après l'incendie de Notre-Dame de Paris. De nombreux corps de métiers, tels que les maçons, les tailleurs de pierre, les charpentiers ou encore les couvreurs vont être mobilisés et intervenir à différents stades du chantier. Ces artisans devront être hautement qualifiés pour respecter les techniques employées par les bâtisseurs de cathédrales du Moyen-Age.

Ce savoir-faire, les artisans ont su le conserver à travers les générations, grâce à des formations spécialisées dans le patrimoine bien présentes France.

"Reconstruire Notre-Dame ne pose aucun problème au niveau des compétences. La difficulté est de trouver les candidats pour faire ce métier", explique Jean-Claude Bellanger, secrétaire général des Compagnons du devoir.

Les formations de boulanger font le plein, pas celles des tailleurs de pierre

En effet, les entreprises travaillant sur le patrimoine subissent déjà une pénurie de candidats. Les jeunes ne se bousculent pas dans les filières de formation, qui sont peu valorisées auprès du grand public.

"Les parents ont une mauvaise image de ces métiers manuels, ils ne poussent pas les enfants à se tourner vers eux. Ce sont plutôt des cursus que l'on réserve aux jeunes en difficultés", regrette le responsable, alors qu'il existe toute une déclinaison de formations, qui va de l'apprentissage, à la formation en alternance pouvant mener jusqu'à des master pro.

Toutes les spécialités ne sont pas en carence de candidats. Les formations pour de l'ébénisterie, de la boulangerie ou encore du travail du cuir font le plein. Mais les métiers de la couverture, de la maçonnerie, de la plâtrerie ou encore de tailleurs de pierre, justement ceux qui vont être mobilisés pour la reconstruction de Notre-Dame, ne séduisent pas.

Des nouvelles formations dès la rentrée

Mais le prestige de ce chantier est un éclairage inespéré pour susciter des vocations parmi les jeunes ou les personnes en reconversion. Surtout que rien n'est perdu, les professionnels de la formation sont prêts à s'adapter pour répondre à ces nouveaux besoins.

Jean-Michel Blanquer, le ministre de l'Enseignement, a annoncé dans un tweet que "le monde l'enseignement professionnel et de l'apprentissage allait se mobiliser pour ce nouveau défi français".

Les compagnons du devoir sont eux aussi prêts à accueillir plus d'apprentis. "La réforme de la formation professionnelle nous offre une plus grande souplesse et il est possible d'ouvrir très vite de nouvelles sections", confirme Jean-Claude Bellanger.

Les compagnons du devoir sont prêts à accueillir 100 tailleurs de pierre, 150 charpentiers et 200 couvreurs pour la rentrée de septembre. Et même une fois le chantier de Notre-Dame terminé, ces professionnels seront assurés de pouvoir poursuivre leur carrière au vu des besoin du patrimoine en France.

Et si l'appel n'était pas entendu, le chantier de la reconstruction de la cathédrale pourrait-il être menacé ?

"Ce n'est pas Notre-Dame qui en ferait les frais. Car les entreprises vont se mobiliser pour répondre aux appels d'offres de ce chantier prestigieux. Mais ce seraient d'autres monuments moins connus qui se retrouveraient en péril, personne ne pouvant assurer les chantiers", met en garde le secrétaire général des Compagnons du devoir.

Coralie Cathelinais