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Mauvais en langues, réticent à quitter ses proches: les freins à l'expatriation des Français

Des familles d'expatriés sur le départ à l'aéroport de Hong Kong, le 8 mars 2022

Des familles d'expatriés sur le départ à l'aéroport de Hong Kong, le 8 mars 2022 - Peter PARKS © 2019 AFP

Selon une étude, la crise sanitaire a particulièrement accentué l’influence de l’entourage dans la prise de décision de partir travailler à l'étranger ou pas.

Beaucoup de Français rêvent de travailler à l'étranger. Mais peu sautent en fait le pas. Le chiffre fait débat mais la Direction des Français à l’étranger et de l’administration consulaire (DFAE) estimait avant la crise sanitaire à 2,5 millions de personnes les Français résidant à l’étranger (actifs, mais pas seulement: retraités, étudiants). or ce chiffre a peu bougé en plus d'une décennie: ils étaient 2,2 millions en 2004 à résider à l'étranger.

S'expatrier, oui mais vers un pays francophone...

Quels sont les freins à l'expatriation? Un mauvais niveau en langue étrangère est souvent perçu comme un obstacle insurmontable. Selon une étude menée par OpinionWay pour Indeed, 51% des actifs estiment que l’expatriation constituerait en effet une expérience trop difficile en raison de la barrière de la langue. 28% estiment ne pas suffisamment maîtriser les langues étrangères pour évoluer dans un environnement non francophone.

Ce constat n'est pas qu'une impression. Selon l’édition 2021 de l’indice de compétence en anglais, réalisé par Education First, la France se classe à la 31e place sur 112 pays, soit à la dernière place de la catégorie "compétence élevée". Du coup, 35% des actifs qui ont un projet d'expatriation professionnelle partent dans un pays francophone.

Complexés au sujet de leur niveau en langues étrangères, les Français n’en demeurent pas moins prêts à y remédier. 92 % des actifs concernés constatent qu’ils ont amélioré leur maîtrise de la langue parlée localement en vivant sur place.

Dissuadés par les proches

Autre frein qui a pris plus d'ampleur dans les dernières années: la volonté de ne pas quitter ses proches.

Selon un sondage* mené encore une fois par OpinionWay pour Indeed, 69% des actifs français n’envisagent pas d’expatriation pour des raisons sociales et familiales car 35% des actifs craignent de vivre éloignés de leurs proches. 19% estiment même qu’il s’agit d’un élément dissuasif déterminant.

Par ailleurs, 25% des actifs ont été dissuadés par leurs proches de mener à bien un projet d'expatriation.

"En somme, alors que les plus jeunes cherchent à créer leur cercle de proches à l’étranger, on constate que les actifs souhaitent préserver le leur. Cela tient au fait qu’étant généralement plus âgés, les actifs se trouvent plus susceptibles de créer ou alimenter des attaches sociales et familiales les incitant à rester (emploi confortable, fondement d’une famille). Toutefois, ce constat de fond s’avère accentué par un invité “surprise” depuis 2020: la pandémie" commente le moteur de recherche dédié à l'emploi.

Les personnes actives ont dans ce contexte été fréquemment dissuadées par leurs proches inquiets (25%, contre 12% des étudiants) et par leur propre inquiétude à l’idée de partir loin des leurs (18%).

28% des actifs ressentent le besoin de rester près de leurs proches dans le contexte sanitaire, ne sachant pas ce qui pourrait leur arriver.

Frein financier chez les étudiants

Cet argument prend d’autant plus de poids lorsque l’on sait qu’un tiers des répondants craignait de ne pas pouvoir rentrer en France, auprès des leurs, facilement à cause des restrictions (31% des étudiants, 35% des actifs).

"L’influence de l’entourage comme frein à la mobilité internationale chez les Français se ressent donc particulièrement du côté des actifs. Alors que pour les étudiants, le principal frein demeure financier et matériel, les actifs sont quant à eux plutôt retenus par leurs contraintes familiales et la perspective de vivre loin de leurs proches. Un constat qui s’est exacerbé du fait de la pandémie et qui se confirmera sans doute à la lumière du contexte géopolitique actuel" poursuit Indeed.

*: sondage mené du 24 septembre au 2 octobre 2021, ce sondage a interrogé par questionnaire auto-administré en ligne sur système CAWI sur deux échantillons - 1076 étudiants et 1065 actifs. Ces deux échantillons ont été constitués selon la méthode des quotas.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business