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Les salariés du volailler Doux manifestent pour leur emploi

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CHATEAULIN, Finistère (Reuters) - Environ mille personnes, et 800 selon la police, ont défilé samedi à l'appel des syndicats dans les rues de...

CHATEAULIN, Finistère (Reuters) - Environ mille personnes, et 800 selon la police, ont défilé samedi à l'appel des syndicats dans les rues de Chateaulin, siège du groupe Doux, pour défendre leur emploi, menacé par le redressement judiciaire du volailler.

L'annonce vendredi du lancement d'un appel d'offres pour trouver un repreneur pour l'ensemble du groupe, étranglé par des dettes de plusieurs centaines de millions d'euros, a fait monter d'un cran l'inquiétude des salariés pour leur avenir et celui de l'entreprise.

"Si on perd Doux, on perd tout et si la filière meurt, c'est toute la région qui va mourir", explique une employée qui travaille depuis 29 ans à la chaîne sur le site de Chateaulin et gagne aujourd'hui 1.240 euros net par mois.

"On veut y croire encore et conserver les emplois mais notre employeur n'a rien fait pour nous rassurer et, comme nous n'avons aucune information, on nous laisse dans l'angoisse et le stress, ce n'est pas normal", estime Nadine Hourmant, déléguée Force Ouvrière.

Avant de défiler dans les rues au cri de "on n'est pas des poulets, on ne veut pas se faire plumer", plusieurs représentants syndicaux ont pris la parole, redoutant par dessus tout une "vente à la découpe" et un démantèlement du groupe.

"Le groupe Doux doit rester une entité. Tous les sites sont interdépendants et s'approvisionnent les uns les autres, un démantèlement serait une vraie catastrophe", souligne Jean-Luc Guillart, délégué CFDT.

Les représentants syndicaux ont également rappelé les différentes étapes ayant conduit selon eux à la situation actuelle en évoquant notamment le rachat de Frangosul au Brésil en 1998, suivi par la vente de plusieurs sites en France.

"Aujourd'hui, c'est le chaos et les seuls à payer, ce sont les salariés et leurs familles", a martelé avec virulence et colère Nadine Hourmant, qui ajoute que toute la région, éleveurs, transporteurs, fabricants d'aliments, se trouvent "impactés" par les difficultés du volailler.

"CHARLES DOUX DOIT S'EFFACER"

Dans le cortège qui s'est ébranlé sous les drapeaux bretons et les bannières syndicales le long de la rivière Aulne, qui traverse Chateaulin, beaucoup d'employés, de retraités, de fonctionnaires et de nombreux élus ceints de leur écharpe tricolore s'étaient joints par solidarité aux salariés du groupe.

"La question maintenant, c'est de savoir comment on prépare un avenir qui doit se construire sans Charles Doux", estime Richard Ferrand, député PS du Finistère, citant le nom du président du groupe qui doit selon lui "savoir s'effacer pour que survive ce qu'il a créé".

Beaucoup de manifestants mettent en cause le principal dirigeant de l'entreprise et s'interrogent sur l'usage qui a été fait par le groupe des aides de la PAC dont il a bénéficié pour soutenir son activité de poulets congelés destinés à l'exportation.

"Charles Doux doit s'expliquer sur ce qui a conduit le groupe là où il est. En quinze ans, il a perçu environ un milliard d'euros de restitutions. Les aides publiques devraient être conditionnées à une stratégie de maintien de l'emploi", a déclaré Raymond Gouiffes, délégué CGT qui demande une "mise sous tutelle" de l'entreprise.

Pour l'heure, l'incertitude est à son comble sur le devenir immédiat de l'ex-leader européen de la volaille qui emploie 3.400 personnes en France dont environ 2.000 en Bretagne et représente plusieurs milliers d'autres emplois induits.

Pierre-Henri Allain, édité par Gérard Bon