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Les salariés de la Société générale inquiets et agacés

L'agacement prévalait jeudi chez les salariés de la Société générale au lendemain d'une journée qui a vu la banque, à l'image déjà écornée par l'affaire Kerviel, chuter en Bourse après des rumeurs. /Photo d'archives/REUTERS/Philippe Wojazer

L'agacement prévalait jeudi chez les salariés de la Société générale au lendemain d'une journée qui a vu la banque, à l'image déjà écornée par l'affaire Kerviel, chuter en Bourse après des rumeurs. /Photo d'archives/REUTERS/Philippe Wojazer - -

L'agacement prévalait jeudi chez les salariés de la Société générale au lendemain d'une journée qui a vu la banque, à l'image déjà écornée par l'affaire Kerviel, chuter en Bourse après des rumeurs.

Comme la plupart des autres banques françaises, le groupe au logo noir et rouge, qui compte près de 160.000 salariés dans le monde, filiales comprises, s'est réveillé avec la gueule de bois.

Le titre Société générale, qui a perdu mercredi près de 15% de sa valeur après des rumeurs sur sa solidité financière, était encore dans le rouge jeudi à la mi-journée. Les autres grandes valeurs bancaires françaises étaient elles aussi en net repli, en dépit des déclarations de la Banque de France soulignant la solidité du secteur.

"Depuis trois ans, avec l'affaire Kerviel, les subprimes, et maintenant ces rumeurs, on a quand même des conditions de travail qui ne sont pas les meilleures", dit à Reuters Alain Treviglio, délégué national CFDT de la SocGen.

"Il y a un agacement des salariés à l'égard des agences de notation qui font la pluie et le beau temps. Il suffit qu'il y ait une rumeur pour que la Bourse s'affole. Elles montrent leurs limites à ce niveau-là", ajoute-t-il.

Le syndicaliste juge aussi trop tardive la réaction de sa direction, dont le démenti contre les rumeurs est arrivé mercredi une heure avant la clôture de la Bourse de Paris.

"On ne laisse pas une séance comme hier se dérouler sans faire quelque chose en cours de journée", estime-t-il.

Pour rassurer les employés, le P-DG de la Société Générale, Frédéric Oudéa, a envoyé sur la messagerie interne un mot à l'ensemble du personnel jeudi matin.

"Il parle d'un moment difficile, dit qu'il faut rester mobilisé, que la confiance est le maître, etc", rapporte Michel Marchet, délégué national CGT.

PIRE QU'EN 2008 ?

"En dehors de l'épisode d'hier, il y a un certain temps qu'on s'interroge en interne sur la stratégie que va déployer la direction dans les prochains mois, les prochaines années".

Plus de trois ans après l'affaire Jérôme Kerviel, le trader accusé d'avoir fait perdre 4,9 milliards à la banque, le groupe se retrouve à nouveau dans la tourmente.

"C'était difficile d'expliquer à un client qu'il avait des frais bancaires alors qu'un seul homme pouvait faire perdre cinq milliards à la banque", se souvient Alain Treviglio.

Aucun responsable d'agence sollicité par Reuters jeudi matin n'a souhaité s'exprimer. "Il y a eu un démenti, on s'en tient à ça", a dit l'un d'eux.

Côté clients, on restait à la fois calme et fataliste.

"Je n'ai pas d'inquiétude. Mon conseiller m'a dit qu'un journaliste avait propagé des rumeurs et qu'ils allaient porter plainte", dit un Camerounais ayant requis l'anonymat, client depuis 14 ans d'une agence proche de l'Opéra.

Pour Florent Labourot, jeune client d'une agence de la rue du Louvre, cet épisode a un goût de déjà-vu.

"La Société générale est une grosse banque, je doute qu'elle fasse faillite du jour au lendemain, estime-t-il.

"On nous disait il y a trois ans que c'était la faillite mais les banques ont été renflouées et elles ont fait de gros bénéfices. Derrière, il y a l'Etat pour soutenir", dit-il. "Mais je ne trouve pas cela moral pour autant".

Morande Rabah, chauffeur de taxi venu gérer le compte de sa belle-mère au guichet, prédit "des jours difficiles".

"C'est bien parti pour être pire qu'en 2008", dit-il. "De toute façon, personne n'est dans le secret des dieux, on ne nous dit pas ce qui se passe vraiment".

Ses faibles moyens lui permettent en tout cas d'avoir la conscience tranquille:

"Moi je n'ai pas grand chose. Dès que j'ai un centime, je le retire, alors..."

Edité par Patrick Vignal