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Les retraites ont parasité la conférence sociale

La deuxième conférence sociale du quinquennat de François Hollande, qui devait être dominée par la lutte pour l'emploi sur fond de poursuite de la hausse du chômage, n'a pas permis de déminer le terrain de la réforme des retraites, les pistes avancées par

La deuxième conférence sociale du quinquennat de François Hollande, qui devait être dominée par la lutte pour l'emploi sur fond de poursuite de la hausse du chômage, n'a pas permis de déminer le terrain de la réforme des retraites, les pistes avancées par - -

par Yann Le Guernigou et Elizabeth Pineau PARIS (Reuters) - La deuxième conférence sociale du quinquennat de François Hollande n'a pas permis de...

par Yann Le Guernigou et Elizabeth Pineau

PARIS (Reuters) - La deuxième conférence sociale du quinquennat de François Hollande n'a pas permis de déminer le terrain de la réforme des retraites, les pistes avancées par le chef de l'Etat suscitant des critiques unanimes du patronat comme des syndicats.

Austérité budgétaire oblige, cette grand-messe qui s'est achevée vendredi a débouché sur peu d'annonces, si ce n'est le lancement d'un plan de formations d'urgence des chômeurs pour s'attaquer au problème des offres d'emploi non pourvues.

Mais cet exercice privilégié de dialogue social, qui a mobilisé une partie du gouvernement pendant deux jours, a été bien moins consensuel que sa première édition, organisée l'an passé dans la foulée du retour des socialistes au pouvoir.

Patronat et syndicats ont étalé leurs profondes divergences sur la réforme à venir des retraites tout en critiquant, pour des raisons opposées, les solutions esquissées jeudi par François Hollande.

Ce dossier a parasité des travaux qui devaient être dominés par la lutte pour l'emploi sur fond de poursuite de la hausse du chômage, personne ne croyant plus à l'objectif d'inversion de la courbe de celui-ci fin 2013 réaffirmé par le chef de l'Etat.

Jean-Marc Ayrault recevra les 4 et 5 juillet séparément les organisations syndicales et patronales pour entamer une concertation qu'il souhaite "dense, riche et sincère" sur cette réforme des retraites, en vue de décisions que le gouvernement prendra à la fin de l'été.

FO et la CGT ont déjà averti le gouvernement que tout allongement de la durée de cotisation serait un "casus belli". Le patronat, Medef comme CGPME, ne veut pas entendre parler d'une hausse des cotisations.

"Il y a comme un déni de la gravité de la situation", a dit la présidente du Medef Laurence Parisot en estimant que, si le gouvernement décidait de relever les cotisations, "il y aura une fois de plus un affaiblissement de notre compétitivité qui va immédiatement provoquer une aggravation du chômage".

VIEUX DOSSIER

La CFDT, le syndicat le plus ouvert au dialogue prôné par le gouvernement, a réclamé pour sa part que celui-ci explicite rapidement ses intentions.

Dans le sillage de François Hollande, qui s'inquiétait jeudi du nombre élevé d'offres d'emplois non pourvues, Jean-Marc Ayrault a conclu la conférence vendredi en annonçant un plan de formations d'urgence pour répondre à celles-ci, avec un premier objectif de 30.000 chômeurs formés en quatre mois.

"C'est un vieux dossier, on en parlait déjà sous (le ministre du Travail) Martine Aubry au début des années 1990, c'est pas avec ça qu'on règle les problèmes de fond", a commenté Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO.

FO comme la CGT ont déploré que la conférence sociale ne traite pas du pouvoir d'achat, et ce alors que le gouvernement a confirmé en début de semaine que le gel du point d'indice de grille salariale des fonctionnaires, en vigueur depuis 2010, serait prolongé en 2014.

Dans ce contexte, Thierry Lepaon, le nouveau numéro un de la CGT, a confirmé que la centrale mobiliserait à la rentrée.

"Aujourd'hui pour se faire entendre du Medef et du gouvernement, il est nécessaire que les salariés fassent entendre leur voix", a-t-il dit.

Sur les retraites, "il va sans doute falloir qu'on soit plusieurs millions à le lui dire. Il les aura sans doute entre maintenant et la mi-septembre et là il pourra comprendre que la méthode qu'il nous propose n'est pas acceptable en l'état".

Comme François Hollande jeudi, Jean-Marc Ayrault a appelé les collectivités et les entreprises à accélérer sur la mise en place des deux principaux dispositifs de lutte contre le chômage, les emplois d'avenir et les contrats de génération.

A défaut de les satisfaire sur le fond, le Premier ministre a fait un geste en direction des syndicats en annonçant la mise en place prochaine d'un comité de suivi du CICE (crédit d'impôt compétitivité emploi) pour s'assurer de la bonne utilisation des 20 milliards d'euros de ce dispositif par les entreprises.

En sens inverse, il a accepté le lancement d'une nouvelle réflexion sur le financement de la protection sociale, trop concentré sur les entreprises selon le patronat.

Le gouvernement publiera par ailleurs prochainement un document d'orientation sur une réforme d'ampleur de la formation professionnelle et de l'apprentissage, qu'il veut voir aboutir avant la fin de l'année.

Edité par Yves Clarisse