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Les producteurs de fruits français à l'agonie

Les consommateurs, eux, font plus attention aux prix des fruits qu’ils achètent, qu'à leur origine...

Les consommateurs, eux, font plus attention aux prix des fruits qu’ils achètent, qu'à leur origine... - -

Les producteurs de fruits tirent la sonnette d'alarme : parfois obligés de vendre à perte, beaucoup craignent de fermer boutique en septembre. Moins coûteuse, la marchandise étrangère envahit les rayons et les paniers des consommateurs français.

Vendre à perte, voilà la hantise de tout commerçant qui se respecte. Pourtant depuis quelques semaines, les producteurs de fruits n’ont plus le choix ! La semaine dernière à Rungis, 67% des pêches et nectarines venaient d’Espagne et d’Italie.

0.40 € pour produire un kilo de pêches en Espagne, 1.20 € en France

Une concurrence étrangère avec laquelle les producteurs de fruits français se battent pour rester compétitif. Un exemple concret de cette concurrence accrue : la production française de nectarines a été divisée par 2 en 10 ans, quand la production espagnole a quadruplé dans le même temps. C'est le coût de la main-d’œuvre qui fait toute la différence. Les Espagnols produisent un kilo de pêches pour 40 centimes d'euros, quand les Français doivent débourser 1,20€ pour le même poids.

« On va disparaitre à cause de cette distorsion des prix »

Jean-Paul Arfé, producteur de pêches dans le Gard, emploie une centaine de personne. Mais parce qu'il vend à perte, il craint de devoir fermer son commerce à la rentrée : « Depuis 2 ans on perd de l’argent. Cette année c’est peut-être notre dernière campagne s’il ne se passe rien. Aujourd’hui on vend à perte : 1.15 euros alors que c’est 1.30 euros le coût de production et je dois me battre face à des gens qui vendent entre 60 et 80 centimes le kilo. On va disparaitre à cause de cette distorsion de concurrence. La production française va à la catastrophe, je n’arrête pas de le dire, mais malheureusement il y a personne aujourd’hui qui est en mesure de nous croire ».

« Beaucoup d'exploitations déjà en redressement judiciaire »

Pour Laurent Ducurtil aussi, producteur de fruits dans le Gard et membre de la Fédération Nationale des Producteurs de Fruits, la situation est critique : « Une grosse partie des exploitations sont déjà plus ou moins en redressement judiciaire ou en surveillance. Il y aura des dépôts de bilan parce que quand ça nous coûte 12 euros de l’heure et que dans le pays d’à côté ça coûte 4 ou 5 euros, en général ça ne va pas bien loin ».

« Je regarde le prix, pas l'origine »

Les consommateurs, eux, font plus attention aux prix des fruits qu’ils achètent, qu'à leur origine. Viviane achète ses fruits au supermarché et achète en fonction de son budget : « C'est en fonction du prix, je ne vais pas dépenser plus cher si j'ai le même fruit à côté. Je regarde la qualité du fruit en lui-même et pas son origine, je crois que c'est le cas de tous les Français ».