Les producteurs de fruits français à l'agonie
Vendre à perte, voilà la hantise de tout commerçant qui se respecte. Pourtant depuis quelques semaines, les producteurs de fruits n’ont plus le choix ! La semaine dernière à Rungis, 67% des pêches et nectarines venaient d’Espagne et d’Italie.
0.40 € pour produire un kilo de pêches en Espagne, 1.20 € en France
Une concurrence étrangère avec laquelle les producteurs de fruits français se battent pour rester compétitif. Un exemple concret de cette concurrence accrue : la production française de nectarines a été divisée par 2 en 10 ans, quand la production espagnole a quadruplé dans le même temps. C'est le coût de la main-d’œuvre qui fait toute la différence. Les Espagnols produisent un kilo de pêches pour 40 centimes d'euros, quand les Français doivent débourser 1,20€ pour le même poids.
« On va disparaitre à cause de cette distorsion des prix »
Jean-Paul Arfé, producteur de pêches dans le Gard, emploie une centaine de personne. Mais parce qu'il vend à perte, il craint de devoir fermer son commerce à la rentrée : « Depuis 2 ans on perd de l’argent. Cette année c’est peut-être notre dernière campagne s’il ne se passe rien. Aujourd’hui on vend à perte : 1.15 euros alors que c’est 1.30 euros le coût de production et je dois me battre face à des gens qui vendent entre 60 et 80 centimes le kilo. On va disparaitre à cause de cette distorsion de concurrence. La production française va à la catastrophe, je n’arrête pas de le dire, mais malheureusement il y a personne aujourd’hui qui est en mesure de nous croire ».
« Beaucoup d'exploitations déjà en redressement judiciaire »
Pour Laurent Ducurtil aussi, producteur de fruits dans le Gard et membre de la Fédération Nationale des Producteurs de Fruits, la situation est critique : « Une grosse partie des exploitations sont déjà plus ou moins en redressement judiciaire ou en surveillance. Il y aura des dépôts de bilan parce que quand ça nous coûte 12 euros de l’heure et que dans le pays d’à côté ça coûte 4 ou 5 euros, en général ça ne va pas bien loin ».
« Je regarde le prix, pas l'origine »
Les consommateurs, eux, font plus attention aux prix des fruits qu’ils achètent, qu'à leur origine. Viviane achète ses fruits au supermarché et achète en fonction de son budget : « C'est en fonction du prix, je ne vais pas dépenser plus cher si j'ai le même fruit à côté. Je regarde la qualité du fruit en lui-même et pas son origine, je crois que c'est le cas de tous les Français ».