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Les jeunes entrent dans la bataille des retraites

Lors d'une manifestation contre la réforme des retraites à Strasbourg, le 24 juin. Les organisations de jeunes ont commencé à battre le rappel cette semaine dans l'espoir de faire grossir la mobilisation ce samedi contre la réforme des retraites, une mena

Lors d'une manifestation contre la réforme des retraites à Strasbourg, le 24 juin. Les organisations de jeunes ont commencé à battre le rappel cette semaine dans l'espoir de faire grossir la mobilisation ce samedi contre la réforme des retraites, une mena - -

PARIS (Reuters) - Les organisations de jeunes ont commencé à battre le rappel cette semaine dans l'espoir de faire grossir la mobilisation contre la...

PARIS (Reuters) - Les organisations de jeunes ont commencé à battre le rappel cette semaine dans l'espoir de faire grossir la mobilisation contre la réforme des retraites, une menace que Nicolas Sarkozy s'est efforcé de désamorcer depuis la fin de l'été.

Samedi, les 26 organisations composant le collectif "la retraite une affaire de jeunes" promettent un pourcentage de jeunes dans les cortèges en forte hausse par rapport aux deux précédentes journées de manifestations, qui ont coïncidé avec la rentrée dans les lycées et les facultés en septembre.

A l'heure où les chiffres de mobilisation font l'enjeu d'une bataille de communication - syndicats et gouvernement ont respectivement annoncé trois et un millions de manifestants dans les rues le 23 septembre - les organisations étudiantes et lycéennes s'attachent à dégonfler la pression médiatique pesant sur leurs épaules.

"On ne va pas gagner la bataille des retraites seuls. Les jeunes sont aux côtés des salariés pour dire des choses qui les concernent sur le fond", dit à Reuters Jean-Baptiste Prévost, le président de l'Unef, principal syndicat étudiant de France.

S'ils jugent ces renforts appréciables, les syndicats de salariés n'ont pas fait officiellement appel à eux, ce qui pourrait être interprété comme un "signe de faiblesse", selon le dirigeant de la CFDT, François Chérèque.

Jean-Baptiste Prévost se garde d'ailleurs de faire un pronostic chiffré sur la mobilisation des jeunes samedi, assurant que le "travail de pédagogie auprès des jeunes commence à payer. "Ce qui commence à prendre, c'est le lien entre la réforme et la précarité de l'emploi", ajoute-t-il.

Selon un sondage CSA publié dans le quotidien L'Humanité, 74% des 18-24 ans sont opposés au report de l'âge légal de la retraite de 60 à 62 ans, clé de voûte de la réforme du gouvernement que les syndicats et l'opposition combattent.

Or, repousser l'âge légal de la retraite de deux ans, c'est ne pas libérer un million d'emplois d'ici 2016 pour les jeunes, selon les calculs du secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault.

"DOUBLE PEINE"

"Les jeunes se mobilisent parce que la réforme met à mal l'emploi des jeunes", confirme Antoine Evennou, président de l'Union nationale des lycéens (UNL), qui fait état de blocages sporadiques dans quelques lycées, cette semaine à Alès (Gard) ou La Seyne-sur-Mer (Var).

"Il y a quelque chose qui est en train de naître dans la jeunesse", ajoute-t-il, comptant surtout sur la journée d'action suivante pour en faire la démonstration. Elle aura lieu le mardi 12 octobre, soit un jour de semaine où les jeunes descendent plus facilement dans la rue qu'un week-end.

L'Unef, qui a lancé une campagne "Etudiants à 20 ans, chômeurs à 25, toujours précaires à 67?", a également la journée du 12 en ligne de mire: de nombreuses assemblées générales sont prévues la semaine prochaine dans les universités, ce qui pourrait décider d'autres jeunes à descendre dans la rue.

Depuis quelques jours, la présidente du Mouvement des jeunes socialistes (MJS), Laurianne Deniaud, multiplie de son côté les interviews, notamment dans les médias à destination des jeunes.

Pour le MJS, le projet de réforme constitue une "double peine" pour les jeunes: difficile entrée sur le marché du travail - le chômage des moins de 25 ans culmine à plus de 23%, le double du taux global - et allongement du travail à l'autre bout de la vie professionnelle.

Depuis les manifestations contre le contrat première embauche, que Jacques Chirac avait été contraint de retirer sous la pression de la rue en 2006, des liens nouveaux se sont créés entre organisations de jeunes et centrales syndicales.

Pour obtenir le retrait de ce contrat à durée indéterminée pour les moins de 26 ans doté d'une période d'essai de deux ans, les salariés étaient descendus dans la rue avec les étudiants et les lycéens.

Entre 2006 et 2010, "le point commun, c'est la solidarité entre les générations", souligne Jean-Baptiste Prévost.

Soucieux d'empêcher une convergence entre mouvement social massif et révolte des jeunes semblable à celle du CPE, le gouvernement a lâché du lest cet été.

Nicolas Sarkozy a renoncé à interdire le cumul entre les aides personnalisées au logement (APL) des étudiants et la demi-part fiscale bénéficiant à leurs parents et a annoncé le versement, dès septembre, d'un 10e mois de bourse pour les élèves boursiers - une revendication de très longue date des syndicats.

Laure Bretton, édité par Yves Clarisse