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Emploi

Les députés entrent dans le vif du sujet sur les retraites

Le ministre du Travail Eric Woerth devant les députés mercredi, lors de l'examen du texte sur la réforme des retraites. Les députés se préparent à adopter la mesure phare de ce projet de loi, le report de 60 à 62 ans de l'âge légal de départ, malgré l'opp

Le ministre du Travail Eric Woerth devant les députés mercredi, lors de l'examen du texte sur la réforme des retraites. Les députés se préparent à adopter la mesure phare de ce projet de loi, le report de 60 à 62 ans de l'âge légal de départ, malgré l'opp - -

PARIS (Reuters) - Les députés français se préparaient jeudi à adopter la mesure phare du projet de loi de réforme des retraites, le report de 60 à 62...

PARIS (Reuters) - Les députés français se préparaient jeudi à adopter la mesure phare du projet de loi de réforme des retraites, le report de 60 à 62 ans de l'âge légal de départ, malgré l'opposition des syndicats.

L'article 5 du projet de loi, qui propose de reporter progressivement l'âge légal de départ à la retraite pour atteindre 62 ans en 2018, doit être débattu dans la soirée.

Le texte prévoit d'autre part de relever de 65 à 67 ans l'âge permettant d'obtenir une retraite à taux plein quel que soit le nombre de trimestres cotisés.

Nicolas Sarkozy a lâché mercredi un peu de lest, notamment pour les métiers pénibles et les carrières longues, dans l'espoir d'amadouer des syndicats dopés par le succès de la journée de grèves et de manifestations qui ont rassemblé mardi entre 1,1 et 2,7 millions de personnes selon les sources.

Mais les principales centrales syndicales ont jugé ces concessions insuffisantes et ont appelé à une nouvelle journée de mobilisation le 23 septembre.

Les syndicats reprochent à Nicolas Sarkozy de n'avoir rien cédé sur les "mesures d'âge" qui représentent l'essentiel des économies de quelque 18 milliards d'euros qui seraient réalisés en 2018 grâce à la réforme des retraites.

Le bras de fer semble inéluctable puisque la majorité est décidée à adopter le projet de loi à l'Assemblée nationale sans les modifications demandées par les syndicats.

"Je suis un homme de dialogue, mais à un moment donné il faut savoir dire non", déclare ainsi le secrétaire général de l'UMP, Xavier Bertrand, dans un entretien au Parisien de jeudi.

Le dirigeant de la CGT Bernard Thibault a quant à lui mis en garde Nicolas Sarkozy contre un blocage et une crise sociale d'ampleur si les syndicats ne sont pas entendus.

"On peut aller vers un blocage, vers une crise sociale d'ampleur. C'est possible, mais ce n'est pas nous qui avons pris ce risque", dit-il dans Le Monde daté du 10 septembre.

"Nous n'avons pas l'intention de lâcher", ajoute-t-il.

SARKOZY SOUTENU PAR SON ÉLECTORAT

Les syndicats peuvent compter sur l'appui d'une nette majorité de Français (55% contre 43%), qui appellent Nicolas Sarkozy à céder sur le report de l'âge légal de 60 à 62 ans, selon un sondage BVA diffusé jeudi.

Mais cette enquête, réalisée pour Canal+, montre aussi que l'électorat du chef de l'Etat ne lui pardonnerait pas de lâcher sur ce point, souligne l'institut de sondages.

A l'Assemblée, la nouvelle procédure dite du "temps législatif programmé" permet au gouvernement et à sa majorité de contrôler la durée des débats et d'éviter les prolongations.

Jeudi à mi-journée, les socialistes avaient à peine entamé leur capital temps - une heure environ sur les 20 heures imparties au PS - sur un total de 50 heures prévues pour le débat, le gouvernement disposant de 25 heures.

Afin d'économiser du temps, les socialistes ont retiré plusieurs de leurs orateurs de la discussion générale pour se concentrer sur l'examen de la trentaine d'articles du projet de loi sur lesquels ont été déposés environ 600 amendements.

Les débats se déroulent dans un climat plutôt serein même si le ton monte parfois, les uns vantant les mérites de la réforme, les autres la stigmatisant.

L'OPPOSITION SE CONCENTRE SUR LE FOND

Le ministre du Travail, Eric Woerth, fragilisé par des soupçons de trafic d'influence pour ses liens avec le gestionnaire de fortune de l'héritière de L'Oréal Liliane Bettencourt est relativement épargné, l'opposition se concentrant sur le fond de la réforme.

La commission des Affaires sociales a adopté mercredi les 13 amendements du gouvernement qui reprennent les assouplissements sur la pénibilité et les longues carrières, annoncés par Nicolas Sarkozy.

L'examen du projet de loi se poursuivra vendredi et reprendra lundi pour continuer mardi, l'Assemblée devant se prononcer mercredi par un vote solennel sur l'ensemble du texte que le Sénat examinera début octobre.

Le gouvernement ayant décidé d'appliquer la procédure d'urgence, une fois le texte voté par le Sénat une commission mixte paritaire (CMP) Assemblée-Sénat sera convoquée pour mettre au point un texte commun.

Les deux assemblées devront ensuite entériner le texte de la CMP, l'objectif de l'Elysée et de Matignon étant de faire adopter définitivement cette réforme par le Parlement à la fin du mois d'octobre ou début novembre.

Emile Picy et Yves Clarisse, édité par Jean-Baptiste Vey