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Lejaby : la colère des salariées après la décision du tribunal

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Une nuit dans leur usine et la volonté, pourquoi pas, de mener une grève de la faim. Les salariées de Lejaby, à Yssingeaux en Haute-Loire, sont en colère après la décision hier mercredi du tribunal de commerce de Lyon, de fermer leur usine.

C'est l'ancien PDG de La Perla (également dans la lingerie), Alain Prost qui est le nouveau patron de cette entreprise de lingerie. Décision hier mercredi du tribunal de commerce de Lyon, avec cette conséquence : sur 450 salariés, seuls 195 sont conservés sur le site de Rillieux-la-Pape dans le Rhône. Les quelque 255 autres, désignés selon des critères d'ordre (âge, ancienneté, charges de famille...), vont être licenciés.
L'usine d'Yssingeaux où 93 salariés (dont 90 femmes) travaillaient, ferme ses portes, et une partie de la production est délocalisée en Tunisie. Yssingeaux était la dernière usine de la marque en France.

« Un coup de pied au cul, après 32 ans ! »

Réaction de salariés quelques minutes après avoir appris la décision du tribunal, parmi lesquels Arlette, très émue : « 32 ans ! J’ai 32 ans de présence, 32 ans à appuyer sur la pédale, avec le chrono derrière… Et maintenant on arrive à quoi ? A rien du tout, on nous met un coup de pied au cul, c’est tout ! ».

« La guerre est déclarée »

Les ouvrières comptent bien se battre encore. Nicole Mendez est déléguée CFDT et employée au siège de la société à Rillieux-la-Pape : « La guerre est déclarée. Il va falloir que ceux qui nous ont mis dans cette situation-là nous rendent des comptes. On va tout faire pour les assigner, pour qu’ils payent vraiment ce qu’ils nous doivent. Parce qu’on va encore se retrouver avec un plan social, y’en a encore un qui n’est pas terminé. On a mis les salariés deux fois dans la détresse : en 2010, en les licenciant, on leur a pas payé ce qu’on leur devait. Il nous a fait un hold-up et il va falloir qu’il le paye ! C’est pas normal que du jour au lendemain, on coupe les vivres et on laisse mourir quelqu’un ; c’est non-assistance à personne en danger ».

« Notre décision ne peut pas satisfaire tout le monde »

Alain Prost, le repreneur, est conscient des difficultés qui l’attendent : « Notre décision ne peut pas satisfaire tout le monde. Je pense qu’en présentant notre projet, les salariés de Lyon étaient plutôt enthousiastes et motivés. Je pense qu’ils commencent à croire qu’il peut y avoir un futur pour Lejaby et que cette société peut repartir, redevenir un joyau de la lingerie française, comme elle l’était il y a encore 5 ans. Nous sommes content mais nous avons conscience qu’il va falloir travailler 2 à 3 ans en profondeur pour que cette société puisse redémarrer. Un gros travail commence pour nous, mais aussi pour tous les salariés qui seront avec nous ».

La Rédaction, avec Amélie Rosique