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Le télétravail, symbole d'une nouvelle vie professionnelle sans contact qui divise les Français

Les DRH se sentent de plus en plus isolés dans leurs fonctions.

Les DRH se sentent de plus en plus isolés dans leurs fonctions. - Salim Fadhley - Flickr CC

Dans son dernier Observatoire de la consommation, Cetelem démontre le sentiment contradictoire qui agite les salariés français.

Ce n'est pas un scoop, le coronavirus a bouleversé nos modes de vie. Et le sans-contact s'impose comme une réalité quotidienne. Qu'il s'agisse des relations inter-personnelles, des achats et bien sûr du travail, la vie sans contact est devenue la norme qui n'est pas forcément bien accueillie par tous comme le démontre la dernière édition de l'Observatoire* de la consommation réalisé par Harris Interactive pour Cetelem.

8 Européens sur 10 ont ainsi le sentiment que les pratiques sans contact font désormais partie de leur quotidien, et ils ne sont que 45% à apprécier ce nouveau mode de vie. Une forte majorité (60%) vit en effet cette nouvelle donne comme une contrainte, la France se situant aussi au-dessus de la moyenne avec 69%.

Près des trois quarts des Européens (73%) citent au moins un terme négatif pour la qualifier, notamment la solitude (43%), terme cité en premier dans l’ensemble des pays excepté la Hongrie.

Une contrainte pour un tiers des Français

Les Français (81%) figurent parmi ceux qui portent le regard le plus sévère dessus, suivis de près par les Espagnols, les Belges (80%) et les Italiens (79%), citant plus que la moyenne des évocations négatives relativement à la vie sans contact.

Néanmoins, 58% des Européens avancent des points positifs comme la praticité (20%) et la facilité (17%).

Le télétravail est l'une des illustrations les plus visibles de cette nouvelle ère du sans-contact. Son installation dans la durée, depuis mars 2020, a-t-il refroidi les ardeurs?

41% des actifs européens interrogés privilégieraient un fonctionnement hybride, soit travailler alternativement sur leur lieu de travail et depuis chez eux. Les actifs français plébiscitent à 43% le travail exclusivement au bureau, 39% en partage bureau et domicile et presque 1 sur 5 (18%) uniquement en télétravail.

Si 74% des sondés français qui ont télétravaillé durant le premier confinement l’ont bien vécu, 32% des télétravailleurs disent vivre aujourd'hui cette pratique comme une contrainte malgré les avantages connus de ce mode de travail: gain de temps, flexibilité et réduction des dépenses.

Les contraintes citées les plus forte sont l’isolement (52%), la perte de la convivialité (37%), la sédentarité (32%) qui débouchent sur l'affaiblissement des liens sociaux dénoncé par 46% des sondés et donc sur un découragement, une fatigue psychologique (45%).

Télétravail: le paradoxe français

Ce qui leur manque le plus, les discussions entre collègues (73% des actifs interrogés),  les déjeuners (68%), ou les événements festifs ponctuels (63%).

Le télétravail est également vécu comme un frein aux évolutions professionnelles pour un tiers des actifs interrogés. 33% estiment qu'il réduit les possibilités de recevoir une promotion et des primes et augmente la charge de travail (31%).

Pourtant, paradoxalement la généralisation du télétravail est souhaitée par 72% des Français. Concrètement, ils aimeraient télétravailler en moyenne 2 à 3 jours par semaine, dont une partie hors du foyer dans un espace de coworking par exemple.

72% souhaiteraient même qu’il se développe notamment chez les jeunes actifs de 25-34 ans (83%).

Une chose est sûre, la grande majorité des européens interrogés (80%) estime que la vie sans-contact va prendre de plus en plus de place dans la société, pandémie ou pas...

Mais est-ce pour autant un futur désirable? Entre les facilités pratiques de la vie sans contact et les frustrations sociales qu’elle engendre, les Européens se montrent plus indécis sur leur souhait de voir ce mode de vie se développer, avec une courte majorité (53%) se disant pour.

Les plus réticents à cette évolution sont les Roumains, les Bulgares, les Italiens et les Français (respectivement 44%, 45%, 45% et 47% d'entre eux). Les Espagnols s’y projettent les plus positivement (63%), de même que les Britanniques (60%).

* Les terrains de l’enquête consommateurs quantitative ont été conduits par Harris Interactive du 27 novembre au 8 décembre 2020 dans 15 pays. Au total, 14.200 individus ont été interrogés en ligne (mode de recueil CAWI). Ces individus âgés de 18 à 75 ans sont issus d’échantillons nationaux représentatifs de chaque pays. La représentativité de l’échantillon est assurée par la méthode des quotas. 3000 interviews ont été réalisées en France et 800 dans chacun des autres pays.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business