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Emploi

Le pouvoir d’achat des jeunes diplômés a fortement baissé depuis vingt ans

Qu'ils aient opté pour l'enseignement ou pour l'encadrement, les Bac + 5 doivent aujourd'hui se contenter de salaires bien moins attractifs que leurs aînés, voici vingt ans.

9000 francs nets par mois. Voilà ce que touchait en 2001, un instituteur ou, au collège, un prof détenteur du Capes, selon une enquête très fouillée de L'Express. En tenant compte de l'inflation, ce salaire équivaut à 1850 euros de 2022, c’est-à-dire davantage que ce que gagne aujourd’hui un enseignant débutant.

Mais, surtout, fort de son Bac +5 et à l’issue d’un concours alors très sélectif, le jeune diplômé en mathématiques, anglais ou histoire, pouvait, voici 20 ans, se targuer de toucher (hors éventuelle prime) un peu plus de 1,5 Smic. En 2022, un enseignant doit se contenter (toujours hors primes et après la dernière revalorisation décidée par le ministère de l'Education nationale) de 1,2 smic.

En vingt ans, le pouvoir d'achat des jeunes diplomés des grandes écoles a fortement chuté

Même pour les étudiants ayant opté pour la plus royale des voies –les grandes écoles de commerce ou d’ingénieurs- le précieux sésame a perdu de son aura. Selon les données recueillies par la Conférence des Grandes Ecoles, les salaires moyens annuels brut du premier emploi d’un jeune ingénieur atteignait 32.400 euros il y a vingt ans.

En 2021, du fait d’une forte baisse par rapport aux promotions précédentes, imputable à la crise sanitaire, la moyenne s’élevait à 34.200 euros. La rémunération moyenne d'un jeune ingénieur n’a donc progressé, sur deux décennies, que de 7% alors que l’inflation, sur la même période atteint 27%.

La perte de pouvoir d’achat a été comparable pour les jeunes diplômés des écoles de commerce. En 2002, pour un premier poste, ils se voyait proposer en moyenne 34 100 euros par an. En 2021, la moyenne (hors primes) est passée à 36.209 euros, soit une hausse de... 6%.

Un cadre débutant ne gagne plus que deux fois le Smic

Mais c’est en rapportant ces rémunérations au salaire minimum qu’on prend mieux la mesure de la perte de pouvoir d’achat de ceux qui sont pourtant considérés comme les mieux lotis des jeunes Français. En 2002, un jeune cadre gagnait pas loin de 2,5 Smic. Aujourd’hui, il est à 2 smic.

Or cette baisse sensible des salaires d’embauches de ces jeunes diplômés n’est pas sans poser aussi des problèmes aux cadres qui ont débuté vingt ans plus tôt avec des salaires plus confortables et ont bénéficié de promotions et d’augmentations.

La différence de salaires entre les deux générations est devenue telle qu’elle peut expliquer pourquoi les entreprises ont tendance à rejeter passé 50 voire 45 ans, des cadres devenus trop "chers" préférant les remplacer par des plus jeunes.

Pierre Kupferman
https://twitter.com/PierreKupferman Pierre Kupferman Rédacteur en chef BFM Éco