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Le débat sur les retraites débute sous un flot de critiques

La commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale a engagé à huis clos l'examen du projet de loi sur la réforme des retraites en France, ce débat débutant sous un flot de critiques émanant non seulement de l'opposition, mais aussi des alliés ce

La commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale a engagé à huis clos l'examen du projet de loi sur la réforme des retraites en France, ce débat débutant sous un flot de critiques émanant non seulement de l'opposition, mais aussi des alliés ce - -

par Emile Picy PARIS (Reuters) - Le débat sur la réforme des retraites en France a débuté mardi sous un flot de critiques émanant non seulement de...

par Emile Picy

PARIS (Reuters) - Le débat sur la réforme des retraites en France a débuté mardi sous un flot de critiques émanant non seulement de l'opposition, mais aussi des alliés centristes et "villepinistes" de la majorité présidentielle.

La commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale a engagé à huis clos l'examen du projet de loi qui reporte de 60 à 62 ans l'âge légal de départ à la retraite et qui sera examiné en séance publique par les députés à partir du 7 septembre, jour choisi par les syndicats pour une démonstration de force.

"C'est la réforme la plus brutale d'Europe", a déclaré à la presse le président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, Jean-Marc Ayrault.

La tempête provoquée par les soupçons de conflit d'intérêt qui pèsent sur ministre du Travail, Eric Woerth, dans le cadre de l'enquête sur la gestion du dossier fiscal de l'héritière de L'Oréal, Liliane Bettencourt, s'est même invitée dans le débat.

Le groupe PS a demandé qu'un juge d'instruction indépendant, et non le parquet dépendant de l'exécutif, soit nommé pour "rendre au débat sur les retraites la sérénité et la crédibilité indispensables à la discussion d'un projet de loi considéré par tous comme l'un des plus importants de la législature".

Le PS concentre ses attaques sur le refus du gouvernement de préciser ses marges de man?uvre avant septembre, Eric Woerth se contentant de se dire "ouvert" sur la prise en compte de la pénibilité, des carrières longues et des polypensionnés.

"A quoi bon un débat (...) si le ministre ne nous donne pas d'éléments sur les dispositions qu'il est prêt à faire bouger ?", a demandé le porte-parole du PS sur ce dossier, Marisol Touraine, parlant de "mépris absolu pour le Parlement".

JUGULER LES DÉFICITS

Le projet de loi prévoit en particulier le relèvement progressif de l'âge légal de 60 à 62 ans d'ici 2018, l'alignement sur dix ans du taux de cotisation du secteur public sur le privé et la création d'un prélèvement de 1% sur la tranche la plus élevée de l'impôt sur le revenu.

L'objectif est de juguler les déficits croissants des régimes de retraite pour parvenir à l'équilibre en 2018.

Si rien n'était fait, le déficit des régimes de retraite atteindrait près de 50 milliards d'euros par an en 2020 et plus de 100 milliards en 2050 (contre 2,2 en 2006), a calculé le Conseil d'orientation des retraites en avril dernier.

Jean-Luc Préel, porte-parole du groupe du Nouveau centre (NC) allié à la majorité, s'est lui aussi montré critique.

"Se réunir en commission en juillet avec la perspective de ne pas faire bouger le projet de loi pose des problèmes sur le rôle du Parlement", a-t-il déclaré lors d'un point de presse.

Le dirigeant centriste, qui soutient le report de deux ans de l'âge légal, estime que la réforme "ne résout pas tout".

"Je ne crois pas qu'on arrivera à l'équilibre en 2018", a-t-il dit en précisant que son groupe allait déposer une quarantaine d'amendements dont un qui propose de relever d'un point le taux de la cotisation sociale généralisée (CSG).

Les députés UMP proches de l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin ont également fait entendre leurs critiques en "déplorant le flagrant manque d'information, notamment financière" dont l'Assemblée devrait disposer.

Ils estiment dans un communiqué "qu'en l'état l'examen du projet n'est que de pure forme, l'analyse des parlementaires n'étant pas suffisamment éclairée".

"POSITION DÉMAGOGIQUE"

Roland Muzeau, porte parole des députés PC et apparentés, accuse la majorité de vouloir "faire imploser le droit à une retraite décente à 60 ans au pas de charge et en plein été".

"On peut aisément imaginer que le pire est à venir. Les amendements présentés en septembre par l'UMP seront sans nul doute encore plus nocifs que ceux déjà connus", a-t-il dit.

Ces critiques ont toutefois été rejetées par le président de la commission des Affaires sociales, Pierre Méhaignerie.

"C'est une position totalement démagogique puisque ça fait deux mois et demi que nous travaillons en commission", a-t-il dit. "Nous allons poser des jalons sur la pénibilité, sur l'épargne retraite, sur les modalités du carnet de santé."

Selon lui, le gouvernement devra reprendre en septembre les propositions faites par les députés en commission dans des amendements qui ne peuvent être que d'origine gouvernementale.

"Ce qui (permet) au gouvernement d'engager en même temps des négociations avec les partenaires sociaux", a-t-il conclu.

Edité par Yves Clarisse