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Emploi

La retraite à 70 ans ?

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Les députés UMP ont adopté un amendement repoussant l’âge maximal du départ à la retraite à 70 ans sur la base du volontariat. Un « scandale » selon la CGT.

Les députés de la majorité ont voté dans le nuit de vendredi à samedi un amendement qui autorise les salariés à repousser l'âge maximal de leur départ à la retraite à 70 ans, contre 65 ans aujourd'hui. Une mesure qui s'est glissée dans le Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale 2009. En clair, un employeur devra désormais interroger un salarié avant ses 65 ans pour savoir s'il compte ou non s'arrêter. Dans la négative, le patron ne pourra pas le mettre à la retraite d'office. Cependant, le droit légal de partir à la retraite dès 60 ans n'est pas remis en cause.

Certains députés voulaient une période illimitée

Denis Jacquat, député UMP de Moselle, auteur de l'amendement laissant la possibilité aux salariés de travailler jusqu'à 70 ans, était sur RMC pour défendre ce texte : « Le gouvernement avait proposé, dans le cadre du travail des séniors, une libéralisation. Il voulait une suppression de la mise à la retraite d'office dans le secteur privé. En commission des affaires sociales, un certain nombre de députés ont indiqué qu'ils ne voulaient pas de période illimitée. Comme je suis rapporteur du texte, je devais venir avec des propositions. Donc ce que j'ai proposé est plus restrictif que ce qui était proposé au départ : sur la base du volontariat, les personnes qui le souhaitent, chaque année, peuvent dire à leur employeur "Je souhaite continuer à travailler". Concrètement, l'employeur enverra à son employé, deux mois avant la date anniversaire, une lettre lui demandant s'il veut continuer à travailler ou pas. Cette lettre sera renouvelée chaque année. Je précise que c'est uniquement sur la base du volontariat. L'âge légal, lui, ne bouge pas ».

« Il faut laisser les gens travailler »

Exemple avec Jacques Foucault, 84 ans, qui est architecte d'intérieur à Levallois Perret (Hauts-de-Seine) et qui travaille toujours. D'autant qu'il y a quelques années lors de l'informatisation des dossiers, l'administration a perdu une partie des documents prouvant plusieurs de ses années de cotisations. Il précise sa situation : « Je touche environ 1 000 euros de retraite. Donc je suis obligé de travailler, même si théoriquement sur le papier je n'en ai pas le droit. Je prends le risque. Mon travail m'apporte quand même entre 1 000 et 1 500 euros par mois. Sans ça, je ne m'en sortirais pas : j'ai un loyer de 720 euros pour deux pièces, avec le téléphone et l'électricité, les 1 000 euros sont presque atteints ».

Marie-Laure Dufreche, déléguée générale de l'association Sauvegarde Retraites qui regroupe 80 000 membres et défend les retraités du privé, explique les motivations des 300 000 retraités qui travaillent aujourd'hui : « Ce sont soit des gens qui ont des très petites retraites et qui en ont absolument besoin pour vivre, soit des gens qui sont arrivés à l'âge de la retraite et qui sont poussés dehors mais voudraient ne pas se couper du monde des actifs et reprendre une activité à mi-temps. On ne peut pas garder cet âge de 60 ans, il faut laisser les gens travailler ».

« Scandaleux », selon la CGT

Jean-Christophe Le Duigou, responsable du secteur retraite à la CGT, s'élève contre cet amendement. Il ne veut pas que la France suive l'exemple Américain en la matière : « On voit d'anciens salariés de l'industrie qui aujourd'hui sont vigiles ou poussent des caddies sur des parkings de supermarchés jusqu'à un âge avancé. C'est toute la logique de durcissement des conditions d'acquisition des droits à la retraite. C'est une perspective qui est scandaleuse de penser que des salariés vont travailler jusqu'à 70 ans ».

On réagit également dans l'opposition : « L'âge de la retraite est insidieusement repoussé à 70 ans », selon Martine Billard (Verts). Mariesol Touriane (PS) accuse pour sa part le gouvernement d'utiliser « tous les moyens pour reculer l'âge des départs en retraite et amener les salariés à travailler le plus longtemps possible ».

La rédaction et Christophe Bordet-Bourdin & Co