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La pénibilité du travail de nouveau en débat pour les retraites

Deux mois et demi après la promulgation de la réforme des retraites, les partenaires sociaux s'apprêtent à rouvrir les discussions sur la prise en compte de la pénibilité au travail, qui figurait parmi les points les plus discutés lors du débat de l'autom

Deux mois et demi après la promulgation de la réforme des retraites, les partenaires sociaux s'apprêtent à rouvrir les discussions sur la prise en compte de la pénibilité au travail, qui figurait parmi les points les plus discutés lors du débat de l'autom - -

PARIS (Reuters) - Deux mois et demi après la promulgation de la réforme des retraites, les partenaires sociaux s'apprêtent à rouvrir les discussions...

PARIS (Reuters) - Deux mois et demi après la promulgation de la réforme des retraites, les partenaires sociaux s'apprêtent à rouvrir les discussions sur la prise en compte de la pénibilité au travail, qui figurait parmi les points les plus discutés lors du débat de l'automne.

Le gouvernement a transmis aux syndicats et aux organisations patronales plusieurs projets de décrets qui visent notamment à fixer les critères permettant un départ anticipé en retraite au nom de la pénibilité.

Les principales centrales syndicales ont vivement critiqué ces projets, les jugeant trop restrictifs.

Les bénéficiaires pourront annuler la prolongation de deux ans de la durée de cotisation pour une retraite à taux plein, mesure phare de la réforme.

Les assurés pouvant justifier d'une carrière "pénible" pourront ainsi partir à la retraite à 60 ans alors que l'âge légal sera progressivement porté à 62 ans d'ici 2018.

Selon le principal projet de décret, ce départ anticipé sera automatiquement accordé à condition que le salarié souffre d'une incapacité d'au moins 20% mais il dépendra de la décision d'une commission pluridisciplinaire si l'incapacité se situe entre 10 et 20%.

Dans ce deuxième cas de figure, l'assuré devra prouver que son incapacité a été causée par son travail, qu'il s'agisse de la nature de celui-ci ou de ses conditions d'activité, comme le travail de nuit, la manipulation répétée de lourdes charges ou l'exposition à des substances dangereuses.

L'un des décrets fixe en outre à 17 ans la durée minimale de conditions de travail "pénibles".

"C'est bien plus de temps qu'il n'en faut pour qu'une personne soit cassée par son travail", déplore la CGT, qui réclame dans un communiqué l'ouverture "de toute urgence" de négociations sur le sujet.

"TROP LONG", DIT LA CFDT

La CFDT est elle aussi critique. "Dix-sept ans d'exposition à des contraintes physiques, c'est trop long !", a déclaré à Reuters Patrick Pierron, secrétaire national.

"Deuxième point sur lequel nous ne sommes pas d'accord: la commission spécialisée chargée de reconnaître l'éligibilité au dispositif n'inclura aucun représentant des salariés."

Les départs anticipés en retraite liés à la pénibilité pourraient concerner 30.000 personnes par an, principalement dans le bâtiment et les travaux publics, l'industrie et les transports.

Des réunions sont prévues la semaine prochaine au ministère du Travail.

La relance de ce débat intervient alors que l'activité des principaux ports français est perturbée vendredi par un appel à la grève de quatre jours de la CGT des ports et docks, qui réclame l'application d'un accord de branche sur la pénibilité conclu avant la réforme des retraites et remis en cause par celle-ci.

Cet accord, censé bénéficier à 5.000 salariés au moins selon la CGT, prévoyait un départ anticipé quatre ans avant l'âge légal.

Dans l'industrie, Renault a présenté fin novembre un dispositif de départ anticipé à la retraite au titre de la pénibilité.

Ce plan, ouvert aux salariés ayant effectué 15 ans de travail posté ou ayant une incapacité permanente de 10% et plus, devrait concerner environ 3.000 salariés du constructeur automobile sur trois ans.

Marc Angrand, édité par Yves Clarisse