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La mobilisation sur les retraites prend un coup de vieux

Manifestation jeudi à Paris. La contestation de la réforme des retraites a semblé marquer le pas mais les syndicats n'en ont pas moins réaffirmé leur détermination à poursuivre la lutte contre un texte à l'origine d'un automne agité. /Photo prise le 28 oc

Manifestation jeudi à Paris. La contestation de la réforme des retraites a semblé marquer le pas mais les syndicats n'en ont pas moins réaffirmé leur détermination à poursuivre la lutte contre un texte à l'origine d'un automne agité. /Photo prise le 28 oc - -

PARIS (Reuters) - La contestation de la réforme des retraites a souffert jeudi d'un essoufflement prévisible mais les syndicats n'en ont pas moins...

PARIS (Reuters) - La contestation de la réforme des retraites a souffert jeudi d'un essoufflement prévisible mais les syndicats n'en ont pas moins réaffirmé leur détermination à poursuivre la lutte contre un texte à l'origine d'un automne social agité.

Combiné aux vacances de la Toussaint, le vote, mercredi par le Parlement, de la loi qui repousse à 62 ans l'âge légal de la retraite a pesé sur la densité des cortèges et la participation aux grèves.

Les différentes manifestations à travers la France ont rassemblé près de deux millions de personnes réparties en 270 cortèges, selon la CGT. Le ministère de l'Intérieur a dénombré pour sa part 560.000 manifestants.

Les estimations faisaient état de 1,1 et 3,5 millions, de mêmes sources, lors de la précédente journée nationale de mobilisation, le 19 octobre.

Ces chiffres sont les plus faibles depuis le début de la fronde contre une réforme présentée comme indispensable par le gouvernement et injuste par l'opposition et les syndicats.

Pour la CGT, qui appelle, comme la gauche, le chef de l'Etat à ne pas promulguer la loi, le gouvernement doit entendre l'appel au dialogue lancé de la rue.

"C'est un cinglant démenti pour tous ceux qui annonçaient un simple baroud d'honneur de salariés résignés", estime le premier syndicat de France dans un communiqué.

"Le président de la République doit enfin entendre le message lancé par une grande majorité de la population", dit la GCT. "il faut surseoir à la promulgation de la loi et ouvrir de vraies négociations avec les organisations syndicales."

SYMBOLE

Il est peu probable, cependant, que Le chef de l'Etat renonce à promulguer une loi dont il entend faire l'un des symboles de son quinquennat, comme l'a rappelé jeudi Dominique Paillé, porte-parole de l'UMP.

"La réforme des retraites sera mise au crédit du bilan de Nicolas Sarkozy", a estimé ce dernier sur RFI.

"Cette loi sera appliquée dès le 1er janvier prochain", a-t-il ajouté. "S'il y a des choses à changer, une loi peut toujours en défaire une autre mais ce sera après les élections de 2012, en fonction du choix des Français".

Le mouvement, très vif depuis plusieurs semaines, semble marqué par la lassitude, comme l'a reconnu le leader de la CFDT.

"Une certaine forme de fatigue plus les vacances égal moins de personnes dans les rues", a expliqué François Chérèque en tête d'un cortège parisien riche seulement de 31.000 à 170.000 manifestants, selon les sources.

Chiffres en baisse également pour la plupart des villes de France, dont Marseille, Lyon et Toulouse. Partout, la présence des lycéens et des étudiants a paru moindre dans les cortèges, encadrés par de forts dispositifs policiers.

DÉCRUE

Selon un sondage CSA publié par Le Parisien, 65% des Français soutenaient cette nouvelle journée d'action, une baisse de six points par rapport à la précédente mobilisation nationale.

Sur le front des grèves, la tendance est également à la décrue avec, entre autres, la reprise des expéditions de carburant dans huit des 12 raffineries françaises et 85% des quelque 12.300 stations-service du pays ouvertes jeudi, de source gouvernementale.

Les taux de grévistes sont eux aussi en baisse, notamment dans la fonction publique (5,33%).

Dans les transports publics, les perturbations étaient moindres à la SNCF mais le trafic aérien était de nouveau fortement touché.

La Direction générale de l'Aviation civile (DGAC) avait demandé aux compagnies de réduire leur programme de vols de 50% sur l'aéroport d'Orly et de 30% sur le reste des aéroports du territoire métropolitain, Roissy compris.

Le trafic reviendra vendredi à la normale dans les airs et continuera de s'améliorer sur les rails, a-t-on appris auprès de la DGAC et de la SNCF.

L'intersyndicale doit se retrouver le 4 novembre pour faire le point sur la suite du mouvement. Une autre journée de mobilisation a d'ores et déjà été décrétée, samedi 6 novembre, pour permettre aux salariés du privé de se faire entendre.

Les dirigeants syndicaux évoquent, sans plus de précision pour l'instant, de "nouvelles formes d'action" et rejettent en bloc l'idée de troquer les retraites contre des négociations sur l'emploi des jeunes et des seniors.

Service France, édité par Patrick Vignal