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La mobilisation décline au lendemain du vote sur les retraites

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PARIS (Reuters) - La mobilisation contre la réforme des retraites a décliné jeudi, au lendemain du vote définitif du projet de la loi par le...

PARIS (Reuters) - La mobilisation contre la réforme des retraites a décliné jeudi, au lendemain du vote définitif du projet de la loi par le Parlement, mais les syndicats affirment vouloir continuer le combat contre un texte qu'ils estiment injuste.

Les différentes manifestations à travers la France avaient rassemblé 198.000 personnes à la mi-journée, selon le ministère de l'Intérieur. Le chiffre était de 480.000 à la même heure et de même source lors de la précédente journée nationale de mobilisation, le 19 octobre.

"Une certaine forme de fatigue plus les vacances égalent moins de personnes dans les rues", a expliqué le leader de la CFDT, François Chérèque, en tête du cortège parisien.

"C'est un risque que nous assumions mais ce n'est pas parce qu'une loi est votée qu'elle est juste et qu'il ne faut pas continuer à la contester", a-t-il ajouté.

Combiné aux vacances de la Toussaint, le vote, mercredi, de la loi qui repousse à 62 ans l'âge légal de la retraite a pesé sur la densité des cortèges et la participation aux grèves.

Pour Bernard Thibault, cependant, cette septième journée d'action interprofessionnelle ne marque pas la fin du mouvement.

"Nous ne sommes pas dans un baroud d'honneur, comme cela fait sept fois qu'on nous l'explique", a déclaré le numéro un de la CGT lors du défilé dans la capitale.

"Je peux vous l'annoncer, la participation sera inférieure aux fois précédentes", a-t-il ajouté. "Je n'ai pas de chiffres mais c'est la première fois, au lendemain d'un vote du Parlement, qu'on a une manifestation d'une aussi grande ampleur. Il y a un énorme soutien populaire."

AMBITION À LA BAISSE

Loin d'être symboliques, plusieurs signaux montrent que l'ambition des opposants à la réforme a été revue à la baisse. Il n'y avait, par exemple, qu'un seul parcours, contre deux les fois précédentes, pour le cortège parisien, qui a été nettement raccourci, entre les places de la République et Saint-Augustin.

Selon un sondage CSA publié par Le Parisien, 65% des Français soutiennent cette nouvelle journée d'actions, ce qui représente une baisse de six points par rapport à la précédente mobilisation nationale.

Forts de ce soutien, les syndicats et l'opposition appellent Nicolas Sarkozy à ne pas promulguer la loi.

Sur le front des grèves, la tendance est également à la décrue avec, entre autres, la reprise des expéditions de carburant dans huit des 12 raffineries françaises.

Dans les transports publics, les perturbations étaient moindres à la SNCF, avec huit TGV sur dix assurés contre un sur deux le 19 octobre, mais le trafic aérien était de nouveau fortement réduit.

La Direction générale de l'Aviation civile (DGAC) a demandé aux compagnies de réduire leur programme de vols de 50% sur l'aéroport d'Orly et de 30% sur le reste des aéroports du territoire métropolitain, Roissy compris.

NOUVELLE JOURNÉE LE 6 NOVEMBRE

L'intersyndicale doit se retrouver le 4 novembre pour faire le point sur la suite du mouvement. Une autre journée de mobilisation a d'ores et déjà été décrétée, samedi 6 novembre, pour permettre aux salariés du privé de se faire entendre.

Les dirigeants syndicaux évoquent, sans plus de précision pour l'instant, de "nouvelles formes d'action" et rejettent en bloc l'idée de troquer les retraites contre des négociations sur l'emploi des jeunes et des seniors.

Le gouvernement a applaudi cette proposition de la CFDT, y voyant une porte de sortie dans le conflit des retraites qui s'est durci au fil de l'automne.

Une "instrumentalisation inacceptable", a dénoncé François Chérèque. "Le problème des retraites n'est pas soldé", a-t-il insisté, appelant le gouvernement à retrouver les voies d'un dialogue social "bafoué" depuis des mois.

Bernard Thibault renvoie également la balle dans le camp de la majorité: "Depuis des mois, on est dans la rue, on est dans la grève pour dénoncer un gouvernement qui prend des décisions unilatérales (...) C'est à lui maintenant de trouver les termes, la posture, les sujets sur lesquels il prétend refaire du social."

Service France, édité par Patrick Vignal