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La commission sur l'avenir des retraites sur les rails

Jean-Marc Ayrault a mis en place mercredi la commission chargée de réfléchir d'ici au mois de juin à l'élaboration d'une nouvelle réforme du système de retraites, que celle de 2010 n'avait pas suffi à sécuriser. /Photo d'archives/REUTERS/Miguel Vidal

Jean-Marc Ayrault a mis en place mercredi la commission chargée de réfléchir d'ici au mois de juin à l'élaboration d'une nouvelle réforme du système de retraites, que celle de 2010 n'avait pas suffi à sécuriser. /Photo d'archives/REUTERS/Miguel Vidal - -

par Elizabeth Pineau PARIS (Reuters) - Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a installé mercredi la commission chargée de réfléchir d'ici au mois de...

par Elizabeth Pineau

PARIS (Reuters) - Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a installé mercredi la commission chargée de réfléchir d'ici au mois de juin à l'élaboration d'une nouvelle réforme du système de retraites, que celle de 2010 n'avait pas suffi à sécuriser.

Financement, meilleure lisibilité et souci d'équité sont les grandes lignes de la réflexion de cette "commission pour l'avenir des retraites" composée d'experts comme l'économiste Daniel Cohen et présidée par Yannick Moreau, ancienne présidente du Conseil d'orientation des retraites (COR).

Conforme à la feuille de route fixée par la conférence sociale de juillet, elle doit rendre ses conclusions "en juin" au terme d'une "réflexion globale", selon la lettre de mission transmise par les services du Premier ministre.

Ses membres "ont pour mission de proposer au gouvernement des scénarios pour la préservation, la consolidation et l'évolution de notre système de retraite", a expliqué à la presse la ministre de la Santé, Marisol Touraine.

"C'est un moment important. Le temps est maintenant au travail, à l'élaboration de ces scénarios avant que ne vienne le temps des décisions", a-t-elle ajouté, sans fixer d'échéance.

C'est du ministère de la Santé que sortira le cahier des charges de la commission, qui devrait être finalisé d'ici à la semaine prochaine.

Yannick Moreau a repoussé toute idée de "réforme miracle", préférant l'idée de solutions "à court, moyen et long terme" issues d'une réflexion collective "sans tabou".

"NE PAS ALARMER INUTILEMENT"

"Je ne sens pas le problème comme une réforme miracle qui résout tout, qu'on aurait dû faire et qu'on n'a pas faite", a-t-elle déclaré devant la presse dans la cour de Matignon.

"Il y a des choses qui ont été faites, il y a une situation qui n'est pas simple aujourd'hui dans le contexte économique. Il faut proposer différents scénarios de rééquilibrage et des évolutions, si elles sont souhaitables", a-t-elle ajouté.

L'ancienne présidente du COR a précisé que "l'équilibre des régimes, dans une échéance rapide", faisait "bien sûr" partie des objectifs.

Marisol Touraine a précisé que les partenaires sociaux seraient associés à la consultation.

"Le gouvernement proposera les mesures qui sont nécessaires en concertation avec les partenaires sociaux pour que les régimes de retraite soient équilibrés dans la durée", a-t-elle dit.

"Il s'agit de tenir compte des besoins de transformation de notre système et en même temps de ne pas alarmer inutilement", a ajouté la ministre. "Nous avons à tenir compte d'une situation financière dégradée que nous a laissé le gouvernement précédent (...) mais nous devons le faire avec responsabilité et justice".

La CGT a toutefois mis en doute mercredi l'utilité de ce "comité Théodule".

Lors d'une intervention devant l'Association des journalistes de l'information sociale (Ajis), Bernard Thibault a jugé normal qu'un gouvernement s'appuie sur un "réseau de compétences et d'expertise pour éclairer ses choix".

"Mais (...) ça ne veut pas dire déléguer à des soi-disant experts la décision politique en matière de retraites ou de financement de la protection sociale", a-t-il ajouté.

"Il y a une forme d'habitude qui s'installe et pas simplement en France (...) On a des gouvernements qui ont tendance à se réfugier derrière une expertise pour justifier un choix qui leur appartient", a-t-il ajouté.

DÉFICIT DE 31,3 MILLIARDS EN 2017

Thierry Lepaon, qui lui succédera à la tête de la CGT lors d'un congrès confédéral dans quelques jours, à Toulouse, a pour sa part estimé que le sauvetage du régime français de retraites devait avant tout reposer sur la relance de l'emploi et l'élargissement de l'assiette des cotisations.

Il a rejeté l'idée que cela passe par une baisse des pensions et un nouveau recul de l'âge du départ à la retraite.

La perspective d'une réforme des retraites paraît d'autant plus urgente que la France va devoir faire accepter par la Commission européenne son incapacité à tenir cette année son objectif de réduction de ses déficits publics à 3,0% du PIB.

Dans deux rapports rendus publics en décembre et en janvier, le COR a souligné les insuffisances de la réforme de 2010.

Si aucune nouvelle mesure n'est prise pour redresser le système de retraite par répartition, celui-ci verra son déficit passer de 14 milliards d'euros en 2011 à 21,3 milliards en 2017, estime-t-il.

Dans le meilleur des cas, à législation constante, le COR n'envisage pas un équilibre de l'assurance vieillesse avant le début des années 2040.

Avec Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse