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Journée test ce jeudi dans le bras de fer sur les retraites

Dans les locaux de Force ouvrière à Marseille, préparatifs des manifestations prévues jeudi, jour de grève nationale contre la réforme des retraites. Le degré de mobilisation dans toute la France, où sont annoncés plus de défilés que le 7 septembre, sera

Dans les locaux de Force ouvrière à Marseille, préparatifs des manifestations prévues jeudi, jour de grève nationale contre la réforme des retraites. Le degré de mobilisation dans toute la France, où sont annoncés plus de défilés que le 7 septembre, sera - -

par Elizabeth Pineau PARIS (Reuters) - Le degré de mobilisation contre la réforme des retraites jeudi en France, où sont annoncés plus de défilés que...

par Elizabeth Pineau

PARIS (Reuters) - Le degré de mobilisation contre la réforme des retraites jeudi en France, où sont annoncés plus de défilés que le 7 septembre, sera déterminant dans le bras de fer engagé entre syndicats et gouvernement.

Dans les transports et l'éducation, d'importantes perturbations sont annoncées pour cette nouvelle journée d'action lancée à l'appel huit syndicats (CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT, FO, FSU, Solidaires, Unsa).

L'éventualité d'une grève reconductible, qui ne semblait pas d'actualité jusqu'ici, est désormais brandie comme une menace par la CGT et Force ouvrière pour forcer le gouvernement à des concessions sur cette réforme clé pour Nicolas Sarkozy.

"Dans certaines entreprises, ça va se poser dès les prochains jours", déclarait Bernard Thibault mercredi sur Europe 1. "Et en même temps, nous ne faisons pas de la grève reconductible le seul moyen de colère".

Didier Le Reste, secrétaire général de la fédération CGT-Cheminots, première organisation syndicale à la SNCF, n'y est pas hostile, à condition qu'elle soit interprofessionnelle.

Dans un communiqué publié mercredi, la CFTC-Cheminots annonce avoir déposé "plusieurs préavis de grèves reconductibles pour permettre aux salariés SNCF qui le souhaiteront d'engager un bras de fer avec le gouvernement". Sud-Rail appelle à une "grève générale dès le 24 septembre".

Une réunion de l'intersyndicale est programmée vendredi pour décider des suites à donner au mouvement contre le report de 60 à 62 ans de l'âge légal de départ à la retraite et de 65 à 67 pour l'âge de l'obtention d'une retraite à taux plein.

SOUTIEN POPULAIRE

Le 7 septembre, jour du début de l'examen du projet de loi sur la réforme des retraites dénoncée par ses détracteurs comme "injuste et inefficace", entre 1,1 et 2,7 millions de personnes, selon les sources, avaient défilé dans toute la France.

Depuis lors, l'Assemblée a voté dans un climat houleux le texte défendu par le ministre du Travail, Eric Woerth, éclaboussé par des soupçons pour ses liens avec l'héritière de L'Oréal Liliane Bettencourt.

A la veille d'une nouvelle mobilisation, les syndicats ne doutaient pas mercredi de la colère de leurs concitoyens.

Bernard Thibault a prédit sur LCI "plus de manifestations que le 7, un ancrage plus important" sur le territoire.

Pour son homologue de la CFDT François Chérèque, il faudra "autour de deux millions de manifestants, pour obtenir de nouvelles ouvertures du gouvernement".

"Au-delà du nombre de manifestants, on est en train de gagner le soutien populaire", dit-il dans Le Parisien.

Au Parti socialiste, les sénateurs promettent une "belle bataille" à la chambre haute, où l'UMP seule n'est pas majoritaire, lors du débat en séance qui débutera le 5 octobre.

Dans son discours de clôture des journées parlementaires du PS, jeudi, le premier secrétaire Martine Aubry a invité son camp à "montrer aux Français qu'une autre France est possible au moment où ils sont découragés".

DISCRIMINATOIRE ENVERS LES FEMMES

Le Parti socialiste a promis de ramener l'âge légal de départ à la retraite à 60 ans s'il revient au pouvoir en 2012. Une idée à laquelle ne croient pas une majorité de Français, selon deux sondages publiés mercredi.

Au sein du gouvernement, on estime que les "mesures d'âge" de la réforme, qui représentent 20 milliards d'euros de recettes supplémentaires en 2018, moins de la moitié du déficit prévisible du régime, ont fait leur chemin dans les esprits.

Pour le ministre du Plan de relance Patrick Devedjian, "les Français se rendent compte que cette réforme est inévitable". Interrogé sur France Info, il a aussi dit avoir "le sentiment qu'il y a de l'eau dans le gaz" dans le front syndical.

Inflexible sur les principales bornes de la réforme, le gouvernement laisse entendre que des amendements sont possibles à la marge, sur la pénibilité ou l'égalité hommes-femmes.

La Haute autorité contre les discriminations (Halde) a d'ailleurs annoncé avoir averti le gouvernement que le relèvement de l'âge de départ à taux plein de 65 à 67 ans était discriminatoire à l'égard des femmes.

Des voix se sont élevées au Sénat, dont celle de son président, Gérard Larcher, pour réclamer que soit préservé le droit à partir à la retraite à 65 ans sans décote pour les femmes ayant élevé au moins trois enfants.

Une idée repoussée mercredi par le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel, au nom de l'équilibre financier.

"Si nous faisions cela, ça déséquilibrerait totalement le montage financier. L'objectif de cette réforme, c'est que le système soit équilibré à l'horizon 2018-2020", a-t-il fait valoir sur RFI.

Avec Service France, édité par Yves Clarisse