Jeunes ingénieurs: la crise n'impacte pas les recrutements mais fait évoluer les aspirations

Selon une étude, les étudiants en fin de cursus font preuve de davantage de pragmatisme notamment dans le choix de leur futur secteur d’activité.

La crise sanitaire qui dure depuis maintenant plus d'un an ne semble avoir bouché les perspectives des jeunes ingénieurs.

Selon une étude* menée pour le groupe Ausy et Infopro, si 88% des étudiants et jeunes ingénieurs déclarent trouver plus difficile leur insertion sur le marché du travail, les ingénieurs en poste sont 45% à avoir trouvé un emploi avant la fin de leur formation et 47% en moins d’un an. Soit des niveaux identiques à ceux de 2020.

"Le diplôme d'ingénieur reste une valeur sûre pour trouver rapidement et durablement du travail, même dans un marché impacté par la crise", peut-on lire.

Le commerce en ligne créé des vocations

Interrogés sur le rôle du stage ou de l'alternance dans l’accès à leur première mission, 30% des ingénieurs en poste déclarent que cette période d’apprentissage leur a permis de trouver un emploi avant la fin de leur formation. Les étudiants/jeunes diplômés actuellement en stage ou en alternance sont 59% à envisager intégrer directement l’entreprise qui les forme.

Néanmoins, comme dans de nombreuses professions, la crise sanitaire a modifié les aspirations notamment sur le choix d'orientation des futurs ingénieurs. "Le secteur du commerce digital, porté par l’explosion de la vente en ligne et des technologies associées, opère ainsi une progression spectaculaire dans le cœur des étudiants/jeunes diplômés. Autant se tourner vers un secteur en pleine croissance pour bien débuter sa carrière !", peut-on lire.

Concrètement, le secteur du commerce arrive en premier dans les secteurs d'activité préférés des étudiants/jeunes diplômés chez 13% des interrogés devant l'aéronautique/spatial/automobile (12%), à égalité avec l'envoronnement et l'énergie et devant les technologies de l'information (10%).

Nécessité de se former pour les ingénieurs en poste

Il faut dire également que l’impact de la crise sur des secteurs d'activité comme l'aéronautique ou l’automobile, pourvoyeurs traditionnels d'emplois pour cette profession a généré de l'inquiétude.

"Les entreprises recrutent de nouveau massivement et sont en recherche active de profils disposant d’un socle technique fort, allié à des compétences comme la gestion de projet ou le management. Être ingénieur aujourd'hui, c'est avoir toutes les cartes en main pour mener une carrière passionnante dans des environnements stimulants", analyse Jérôme Gontard, Directeur général d’AUSY.

Chez les ingénieurs en poste, la crise a accéléré la nécessité de se former. L'acquisition de nouveaux savoir-faire est considéré comme un critère important par 91% d'entre eux. "Tous envisagent de se former prioritairement dans les domaines qui, sous l’effet de la crise, ont évolué rapidement comme la transformation digitale (43% des pros interrogés), la data et l’intelligence artificielle (44%), et la cyber-sécurité (35%)", souligne l'étude.

Le télétravail devient incontournable

Mais elle a dans le même temps drastiquement fait chuter les velléités de changement d'employeur. Interrogés sur leur envie de mobilité, les ingénieurs en poste sont 36% à répondre positivement, contre 49% en 2020. Concernant un changement de secteur d’activité, ils sont 51% à déclarer ne pas l’envisager contre 47% l’an passé.

Tout comme certains objectifs. 42% des étudiants/jeunes diplômés et 49% des ingénieurs sont prêts à refuser un poste si l’entreprise qu’ils convoitent ne propose pas une dose de télétravail (plébiscité à 97%). Et 87% des futurs ingénieurs déclarent être prêts à déménager si cela leur permet de bénéficier d’un meilleur équilibre entre leur vie professionnelle et personnelle (57%).

*: étude menée par Infopro Digital et AUSY auprès d’un échantillon représentatif de 643 ingénieurs. Parmi eux, 424 étaient des ingénieurs en poste et 219 des étudiants ou jeunes diplômés aspirant à devenir ingénieurs. Le questionnaire a été auto-administré en ligne. Le terrain a été mené du 12 mars au 12 avril 2021.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business