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Grève peu suivie mais exaspération manifeste à Pôle Emploi

Seuls 6,23% des salariés de Pôle Emploi étaient en grève lundi à la mi-journée pour protester contre la "dégradation de leurs conditions de travail" et demander plus de moyens financiers et humains. /Photo d'archives/REUTERS/Eric Gaillard

Seuls 6,23% des salariés de Pôle Emploi étaient en grève lundi à la mi-journée pour protester contre la "dégradation de leurs conditions de travail" et demander plus de moyens financiers et humains. /Photo d'archives/REUTERS/Eric Gaillard - -

PARIS (Reuters) - Moins de 10% des employés de Pôle Emploi étaient en grève lundi à la mi-journée pour protester contre la "dégradation de leurs...

PARIS (Reuters) - Moins de 10% des employés de Pôle Emploi étaient en grève lundi à la mi-journée pour protester contre la "dégradation de leurs conditions de travail" et demander plus de moyens financiers et humains, a-t-on appris auprès de la direction.

Le SNU-Pôle Emploi, seul syndicat à avoir appelé à la grève, souhaite attirer l'attention des pouvoirs publics sur le "manque de moyens" de ce service public au moment où le budget 2012 est examiné à l'Assemblée nationale.

"Pôle Emploi a plus que jamais besoin de moyens humains, de moyens financiers, et d'un plan d'urgence pour répondre aux attentes légitimes des salarié(e)s privé(e)s d'emploi", écrit le SNU dans un communiqué.

"Il est malheureusement certain que la France est à l'aube d'une récession économique, et qu'une vague supplémentaire de sans-emploi viendra (et vient déjà) frapper à la porte des agences de Pôle Emploi. Il faut donc se préparer à un chômage long et massif", poursuit le syndicat, demandant la mise en place d'un "plan d'urgence contre le chômage".

Le chômage est reparti à la hausse en France en septembre, renouant avec un pic de 11 ans, et ce alors que les signes de ralentissement économique se multiplient.

Seuls 6,23% des salariés ont suivi cet appel à la grève, boudé par les autres syndicats de Pôle Emploi au niveau national. Pour l'Unsa, le jour choisi par le SNU n'est pas opportun. L'actuel directeur de Pôle Emploi, Christian Charpy, doit en effet quitter ses fonctions le 19 décembre.

200 A 250 CHÔMEURS PAR AGENT

Mais si les avis divergent sur le calendrier à suivre, le constat dressé par le SNU est partagé par l'ensemble des syndicats. Et l'exaspération dont parle le syndicat est généralisée, estiment les représentants des personnels.

Tous déplorent un malaise de plus en plus grand des salariés et des demandeurs d'emploi, lié selon eux à un taux de chômage élevé et à un manque de suivi personnalisé, accentué d'après eux par une fusion "trop rapide" de l'ANPE et des Assedic en 2008.

"Les conseillers ne peuvent pas faire un travail digne", estime Philippe Sabater, du SNU Pôle Emploi. "A partir du moment où on ne donne pas les moyens aux salariés de faire un travail convenable, ça accroit l'agressivité", ajoute-t-il.

Les agressions ont augmenté de 20% au premier trimestre de 2011, d'après la direction de Pôle Emploi.

Le 17 octobre, un chômeur avait pris en otage deux responsables de Pôle Emploi dans le XIe arrondissement de Paris. Une semaine plus tard, un demandeur d'emploi avait menacé de se suicider dans une agence de Seine-Saint-Denis avant d'être interpellé par la police.

Le 7 juin, la Commission européenne avait jugé que les ressources consacrées à l'accompagnement des demandeurs d'emploi étaient "insuffisantes" en France.

Alors que le nombre moyen de demandeurs d'emploi suivis par conseiller était de 85 fin 2008, un récent rapport du Sénat le chiffrait à 95 en 2009, puis 105,8 fin décembre 2010.

Selon le SNU, un agent suivrait aujourd'hui 200 à 250 chômeurs en moyenne, et jusqu'à 300 dans certaines agences d'Ile-de-France ou de Bretagne.

La reconduction de cette grève d'un jour devait être décidée région par région ce lundi après-midi. Elle devrait se poursuivre mardi dans les Pays de la Loire, prévoit déjà le SNU.

Le Parti socialiste a fait part de sa solidarité avec les salariés de Pôle emploi lors de son point presse hebdomadaire.

"Toute personne qui perd aujourd'hui son emploi, il le perd parce que Nicolas Sarkozy et François Fillon ont choisi l'austérité pour ne pas prendre de l'argent aux plus riches", a dit le porte-parole, Benoît Hamon.

Chine Labbé, avec Elizabeth Pineau, édité par Yves Clarisse