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France Télécom reconnaît un suicide comme accident du travail

Le directeur général de France Télécom, Stéphane Richard, a reconnu pour la première fois le suicide d'un salarié comme accident du travail, malgré des avis défavorables de l'Inspection des affaires sociales et d'une commission interne. Le cas concerne un

Le directeur général de France Télécom, Stéphane Richard, a reconnu pour la première fois le suicide d'un salarié comme accident du travail, malgré des avis défavorables de l'Inspection des affaires sociales et d'une commission interne. Le cas concerne un - -

PARIS (Reuters) - Le directeur général de France Télécom, Stéphane Richard, a reconnu pour la première fois le suicide d'un salarié comme accident...

PARIS (Reuters) - Le directeur général de France Télécom, Stéphane Richard, a reconnu pour la première fois le suicide d'un salarié comme accident du travail, malgré des avis défavorables de l'Inspection des affaires sociales et d'une commission interne.

"France Télécom doit assumer un devoir d'assistance et de mémoire"
Ce geste revient pour l'entreprise à endosser la responsabilité du décès de l'un de ses employés. C'est la première fois qu'une société assume, sans qu'on lui impose, sa responsabilité dans le suicide d'un salarié. Le cas concerne un cadre marseillais de 51 ans, Michel, qui s'est suicidé le 14 juillet 2009 à Marseille, laissant une lettre qui mettait en cause son travail à France Télécom.

Dans une lettre lue par un directeur territorial mardi, à l'occasion d'un rassemblement commémoratif en l'honneur du disparu, Stéphane Richard a indiqué qu'il avait décidé de classer ce suicide comme accident de service. "France Télécom doit assumer un devoir d'assistance et de mémoire vis-à-vis des disparus et de leur environnements familiaux et professionnels", a déclaré un porte-parole du groupe, rapportant les propos contenus dans la lettre du directeur général. "Stéphane Richard souhaite également tout mettre en oeuvre pour que, tous ensemble, nous puissions surmonter ce moment particulièrement douloureux. Dans cet esprit, il a décidé de considérer ce suicide comme un accident de service", a ajouté le porte-parole.

Une décision symbolique
Stéphane Richard a pris une décision très symbolique : il est allé à l'encontre des avis de l'Inspection générale des affaires sociales qui ne considérait pas ce suicide comme un accident de service.
Après avoir été secoué par une vague de suicides de salariés (35 en 2008 et 2009, 17 en 2010), France Télécom a nommé Stéphane Richard au poste de directeur général le 1er mars dernier, en remplacement de Didier Lombard. Le groupe a décidé d'intégrer un volet social plus fort pour répondre aux demandes syndicales dans un nouveau plan stratégique sur cinq ans présenté la semaine dernière et intitulé "Conquêtes 2015".

"Pas de systématisation de reconnaissance en accident du travail"

Ce mardi, les collègues de Michel étaient réunis pour lui rendre hommage un an après sa disparition. Ils ont appris l'annonce de Stéphane Richard à cette occasion.
Pierre Dubois, délégué central CFDT à France Télécom, revient sur la réaction des salariés : « C’était très attendu. Des pétitions circulaient. Personne n’aurait compris que ce cas-là ne soit pas reconnu par l’entreprise. Il n’y aura pas de systématisation de reconnaissance en accident du travail. Chaque cas va vraiment être étudié à la loupe. »

"Une porte qui s'ouvre"

Patrick Ackermann, délégué syndical Sud PTT à France Télécom, satisfait de cette décision, attend néanmoins d’autres prises de positions de la part de la direction de France Telecom : « La première réaction que l’on a eu, c’est un sentiment de victoire. Après, nous sommes quand même dans une situation très compliquée à France Télécom. Depuis début 2010, il y a eu 17 suicides et pour l’instant, aucune enquête sérieuse, aucune décision n’a eu lieu sur ces cas. On prend ça comme une porte qui s’ouvre »

"On a reconnu la souffrance. C'est énorme!"

Anne-Marie Luccheti était la collègue de Michel et son amie. Elle a enquêté pendant un an sur les causes de son suicide. Pour elle, la décision de Stéphane Richard est historique : « On a reconnu la souffrance. C’est énorme… Michel ne pourra pas le voir mais on lui doit ça. »

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