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Emploi

Entreprises du voyage: les syndicats refusent une proposition d'augmentation des salaires de 7%

Conséquence: les deux premiers échelons de la grille salariale du secteur resteront en dessous du Smic. Ce qui pour le patronat ne favorisera pas l'attractivité.

Une proposition de hausse salariale "historique" pour le patronat du secteur des voyages mais un refus en bloc des syndicats. Ces derniers ont en effet rejeté une proposition d'augmentation moyenne des salaires de base de 7,15% dans le cadre des NAO (négociations annuelles obligatoires), révèle L'Echo Touristique.

Cette proposition faite par les Entreprises du Voyage (EDV) et le Seto (Syndicat des entreprises du Tour Operating) au bout de 4 mois de discussions, est pourtant la plus forte augmentation jamais proposée dans le cadre de ces négociations.

Elle est le résultat d'une amicale pression du gouvernement pour faire évoluer les minimas sociaux dans une profession (agents de voyage...) qui comme beaucoup d'autres manquent d'attractivité et peine à recruter. De quoi créer des pénuries.

Le gouvernement met la pression

"Cette année, nous avons été rappelés à l’ordre de façon assez rude par le ministère du Travail, à l'époque dirigé par Élisabeth Borne, car nous avions des niveaux de rémunération minima sous le SMIC," rappelle à nos confrères de TourMag, Valérie Boned, Secrétaire générale des Entreprises du Voyage.

Avec cette proposition, les deux premiers niveaux de rémunération de la filière auraient atteint dès le 1er novembre prochain celui du SMIC qui rappelons-le a été augmenté trois fois cette année sous l'effet de l'inflation.

Pourquoi ce rejet? La CGT, CFDT, CFTC, FO, CFE-CGC refusent la déconnexion des négociations entre la hausse des salaires de base et un nouveau calcul de la prime d’ancienneté qui théoriquement est calculée sur les minimas.

Pas de nouvelles négociations avant 2023

"Pour eux, cette déconnection, soit cette séparation entre les deux sujets, est préjudiciable pour l’attractivité de la profession, explique Jean-Pierre Mas, président des Entreprises du Voyage à l'Echo Touristique. "Ce qui est totalement faux: les salariés ne rejoignent pas une entreprise sur la base de la prime d’ancienneté qu’ils toucheront quelques années plus tard. Qui plus est, nous n’avions même pas encore démarré les discussions sur les bases de calcul de cette prime."

"Nous sommes extrêmement déçus. L’attitude des syndicats pénalise les salariés du secteur" grince le dirigeant. Car la conséquence de ce refus est de voir se maintenir deux niveaux de la grille de rémunération dans la profession sous le Smic.

Pas de quoi améliorer l'attractivité du secteur et permettre aux salariés les moins bien rémunérés de préserver leur pouvoir d'achat, au grand dam du gouvernement et du patronat. Surtout que ce dernier a prévenu, il ne reviendra pas à la table des négociations avant l'année prochaine.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business