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En Normandie, le "village préféré des Français" confronté à une pénurie de main d’œuvre

Les commerçants de Saint-Vaast-la-Hougue peinent à recruter

Les commerçants de Saint-Vaast-la-Hougue peinent à recruter - JOEL SAGET / AFP

Les commerçants de Saint-Vaast-la-Hougue peinent à trouver du personnel. Au point de devoir réduire leurs horaires d'ouverture, voire de fermer leurs portes un ou deux jours par semaine.

Son titre de "village préféré des Français" obtenu en juin dernier ne l’a pas rendu plus attractif aux yeux des travailleurs. À Saint-Vaast-la-Hougue (Manche), les commerçants déplorent la pénurie de main d’œuvre qui touche la commune. "C’était déjà dur l’an dernier, mais ça l’est encore plus cette année. C’est de pire en pire", témoigne auprès de BFM Éco Christelle Alix, présidente de l’Association des commerçants saint-vaastais (ACOPA).

Dans le petit village normand, où les offres d'emploi restent sans réponse, pâtissier, serveurs ou encore cuisiniers manquent cruellement: "On a beau mettre des annonces, les poster sur Facebook ou Indeed, personne n’appelle, personne ne vient", poursuit Christelle Alix. Résultat, certains commerçants n’ont d’autre choix que de réduire leurs horaires d’ouverture, voire de fermer un ou deux jours par semaine. "Les commerçants sont démunis. Il y a des restaurateurs qui ont dû fermer deux jours en pleine saison", indique la présidente de l’ACOPA.

La faute à la situation géographique du village, jugé trop éloigné des villes par certains commerçants. En effet, Cherbourg, où se situe l’essentiel de la main d’œuvre, se trouve à 30 kilomètres de là. Et la situation s’est aggravée depuis que "les grosses entreprises de la région comme les chantiers navals et l’industrie énergétique" embauchent à "tour de bras" grâce à des carnets de commandes bien remplis, estime auprès du Parisien un salarié d’un des cafés de Saint-Vaast-la-Hougue.

"Dès qu’il y a un quart d’heure de route en voiture, ça fait trop"

Pour Christelle Alix, la pénurie de personnel s’explique aussi par le manque de volonté de certains candidats: "Les gens sont trop bien chez eux. Dès qu’il y a un quart d’heure de route en voiture, ça fait trop", affirme-t-elle. Certains feraient également marche arrière quand ils s’aperçoivent qu’il faut travailler le dimanche. "Mais dans tous les métiers il y a des avantages et des inconvénients", tempère Christelle Alix. Et d’ajouter: "Pôle emploi, quand on les appelle, ils nous disent qu’ils ont peut-être un ou deux candidats mais qu’ils ne savent s’ils vont se déplacer".

Le "village préféré des Français" n’est pas le seul à être confronté au manque de main d’œuvre. Dans l’Hexagone, plusieurs communes rurales sont dans une situation similaire. Pour y remédier et lutter contre leur isolement, l’association des maires ruraux de France a proposé 200 mesures dont 173 ont été reprises par le gouvernement, rappelle Capital. Parmi elles, le déploiement de la 4G, des exonérations fiscales pour les petits commerces, la création de maisons France Services ou encore le recrutement de 600 médecins dans les déserts médicaux.

Paul Louis