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Emplois vacants, halo du chômage: un retour à la normale dans le marché français du travail?

Pour 2024, le spécialiste du recrutement Indeed estime que le marché sera moins favorable aux demandeurs d'emploi.

Vers la fin d'une certaine euphorie dans le marché français du travail? Plusieurs indicateurs semblent en effet confirmer au mieux un arrêt de la dynamique, au pire, un retournement. De quoi placer les demandeurs d'emploi dans une situation "moins favorable", estime, dans une étude, Indeed.

La plateforme se base d'abord sur le taux d'emplois vacants qui désormais "rejoint sa tendance d'avant la pandémie".

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"Dans l’industrie, l’indicateur (de conjoncture de l'Insee, NDLR) se situe sous son niveau de longue période, avec une contribution négative des anticipations de recrutement, peut-on lire dans l'étude. Dans les services, il est à son niveau de longue période, mais les anticipations de recrutement pèsent négativement sur l’indice, comme dans l’industrie".

"Dans ces deux secteurs, les difficultés de recrutement seront un peu moindres, même si elles restent plus aiguës qu’avant l’irruption de la pandémie de 2020", résume l'étude.

Moins de créations de postes voire des destructions

Globalement, "le taux d'emplois vacants (établi par la Dares) qui avait bondi depuis 2021, redescend fin 2023 pour rejoindre sa tendance d’avant la pandémie, entamée lors de l’inversion de la courbe du chômage en 2015", poursuit Indeed.

En cause, des "contraintes de demande, qui résultent du ralentissement de l’activité économique en cours. Les difficultés record de recrutement rencontrées par les entreprises depuis la fin des confinements liés à la pandémie vont donc s’amoindrir et le marché se normaliser", estime le spécialiste.

La conséquence mécanique de ce contexte est le ralentissement du rythme de créations d'emplois. "Pour l’instant, les licenciements (économiques ou non), les ruptures de périodes d’essai et les ruptures conventionnelles n’augmentent pas sur l’année, ce sont les créations de postes qui fléchissent", explique Alexandre Judes, économiste au sein du Hiring Lab d’Indeed.

Pire, dans certains secteurs comme l'intérim et la construction, on observe des destructions d'emplois. "Une contraction prolongée de l’activité pourrait se traduire par une destruction plus importante d’emplois existants", poursuit-il.

Ces facteurs cassent la dynamique de baisse du taux de chômage observée depuis le début de l'année 2021. Les deux derniers trimestres sont à la hausse avec 7,4% au 3e trimestre 2023 contre un plus bas à 7,1%.

Plus de population active et un marché de l'emploi qui ne grossit plus

D'autant plus que le "halo autour du chômage" ne se réduit pas. Ce halo englobe les personnes qui souhaitent travailler sans être disponible ou sans effectuer des recherches actives (et qui ne sont donc pas comptabilisées dans les chiffres du chômage). "Contrairement au chômage, il n’a pas baissé depuis la pandémie. À titre de comparaison, il représentait 3,5% des 15-64 ans au deuxième trimestre 2008, contre 4,7% des 15-64 ans aujourd’hui", estime Indeed qui évoque 2 millions de personnes dans ce cas.

A moyen-terme, Indeed n'est pas vraiment plus optimiste cette fois à cause de l'augmentation de la population active du fait du report de l'âge de la retraite à 64 ans. La population active pourrait ainsi grossir de "100.000 à 125.000 personnes par an entre 2024 et 2029 (contre 70.700 personnes en moyenne par an entre 2014 et 2021)", peut-on lire.

"Plus de population active et moins de création d’emploi: on comprend vite que la conjoncture va se montrer nettement moins favorable aux chercheurs d’emploi qu’elle a pu l’être ces dernières années", assène le spécialiste.

Rappelons que le gouvernement fixe le cap emblématique d'un taux de chômage à 5% d'ici 2027 (soit le plein emploi), à atteindre par un accompagnement renforcé des personnes les plus éloignées de l'emploi, en améliorant l'emploi des seniors et en durcissant les conditions d'indemnisation du chômage.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business