BFM Business
Emploi

Emplois à domicile: 4 Français sur 10 ne déclarent pas toutes les heures

31% des personnes employant une nounou pour la garde en journée et assurer la sortie de l’école ne déclarent qu’une partie des heures réalisées

31% des personnes employant une nounou pour la garde en journée et assurer la sortie de l’école ne déclarent qu’une partie des heures réalisées - John Mac dougal - AFP

Si le travail au noir à tendance à reculer, le travail au gris à tendance à augmenter. Ainsi 31% des personnes qui font appel à une nounou ne déclarent qu’une partie des heures réalisées, selon une étude de la société Oui Care. C'est dix fois plus qu'il y a dix ans.

Le travail non déclaré est très fréquent dans les emplois à domicile. 41% des Français ont recours au travail au noir au au gris, qui consiste à ne pas déclarer une partie des heures travaillées, selon la troisième édition du baromètre Oui Care (1). Mais si le premier est en recul, le second connaît une forte augmentation. 

Ainsi, 31% des personnes employant une nounou pour la journée ou juste pour récupérer les enfants à la sortie de l’école ne déclarent qu’une partie des heures réalisées par leur salarié(e). Un chiffre dix fois supérieur à celui de 2013. Pour ce qui concerne les activités de baby-sitting, 28% ont recours au travail au gris. Le secteur du jardinage est aussi très concerné, avec 29% des employeurs qui déclarent une partie seulement des heures effectuées

-
- © -

Le phénomène est encore plus répandu dans l'accompagnement à domicile des seniors, où 41% des employeurs ne déclarent pas toutes les heures de leur aide et 18% ont recours au travail illégal. C'est d'ailleurs le seul secteur où le travail au noir est en hausse (+8 points par rapport au précédent baromètre de 2013).

Cette tendance s'explique par une forte hausse des besoins, liée à l'augmentation du nombre de personnes âgées. "On commence souvent par demander aux voisins, ou à une personne de l’entourage proche de la personne dépendante de l'aide", analyse Anaïs Favard, responsable pôle seniors chez O2, or ces heures sont rarement déclarées. Puis quand à la suite d'une chute ou d'un souci, les proches décident de faire appel à une professionnelle et de monter un dossier d'aide, cela nécessite du temps."Il faut gérer le besoin, devenu urgent. Il est probable que le travail au noir s’installe à ce moment-là", poursuit Anaïs Favard.

Des aides à l'emploi méconnues

Les employeurs sont peu au fait des risques encourus. La moitié ne sait pas qu'elle peut être amenée à payer des indemnités à son employé s'ils souhaitent le licencier. Ils sont tout autant à ignorer qu'ils peuvent être condamnés à une peine d'emprisonnement. 30% ne se doutent pas qu'ils peuvent être amenés à indemniser personnellement leur employé en cas d'accident.

"Cette méconnaissance des risques est liée, pour partie, aux employeurs qui ne se considérant pas comme tels, ne perçoivent pas leur employé à domicile comme un salarié, analyse Ouicare. A cela s'ajoute une méconnaissance du dispositif fiscal qui permet d'alléger la facture de ceux qui font appel à des aides à domicile.

Le travail au noir a représenté un manque à gagner de 20 à 25 milliards d'euros en France en 2012, selon l'Acoss, la caisse nationale du réseau des Urssaf. En 2017, le montant des redressements s'est élevé à 541 millions d'euros. 

(1) Baromètre réalisé par Market Audit avec 999 interviews représentatives de la population française

Coralie Cathelinais