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Emploi

Doit-on accepter des baisses de salaires pour maintenir la compétitivité et l'emploi ?

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En cas de baisse de l'activité, les salaires doivent-ils pouvoir baisser pour maintenir l'emploi et éviter les licenciements ? C’est en tout cas l’accord auquel Nicolas Sarkozy souhaite que syndicats et patronat parviennent. Une mesure qui fait débat. Et vous, qu’en pensez-vous ?

Pour relancer la compétitivité et préserver l'emploi, Nicolas Sarkozy souhaite des contrats compétitivité-emploi. Le but : adapter le temps de travail et les salaires à la conjoncture, en échange d'une garantie sur l'emploi. Le chef de l'Etat a demandé aux partenaires sociaux d'entamer des négociations pour aboutir à des accords "dans les deux mois". Si les discussions devaient traîner, le gouvernement passerait par la loi. Une façon de tourner la page des 35 heures.
Une mesure qui fait débat…

« L’intérêt des salariés et de l’entreprise »

Etienne Bernard, président de Bernard Controls, entreprise de métallurgie à Gonesse dans le Val d'Oise, et président du comité TPE-PME du MEDEF, « croit vraiment en cette mesure : c’est une souplesse extrêmement importante qui serait donnée à la gestion des entreprises et qui nous permettrait réellement de développer nos entreprises rapidement. Le but ultime de tout ça c’est de conserver les emplois et de les développer. On connaît personnellement nos salariés ; c’est du donnant-donnant, c’est l’intérêt des salariés, l’intérêt de l’entreprise qui est pris en compte ; c’est la croyance que tous ensemble, les lendemains seront meilleurs, qui nous permet de faire un effort momentanément et rapidement, ensemble ».

« Licenciement ou baisse de salaire : où est le choix pour un salarié ? »

Mais pour Stéphane Lardy, secrétaire confédéral Force ouvrière en charge de l'emploi, « on ne doit pas faire payer au salarié la baisse d’une activité économique dont il n’est pas responsable. Où est le choix, pour un salarié, lorsque vous lui dites : c’est le licenciement ou la baisse de salaire ? On a connu quelques expériences malheureusement désastreuses dans ce pays : Bosch, Continental, Osram… Ne faisons pas croire aux salariés que c’est une garantie d’emploi lorsque vous baissez les salaires. Si l’activité économique ne reprend pas, malheureusement il y aura des licenciements ».

« Ne jamais accepter ce genre de chantage ! »

En 2007, à l'usine Continental de Clairoix (Oise), la CFTC et la CGC acceptent un passage aux 40 heures. Mais ça n'empêche pas l'usine d'annoncer sa fermeture en 2009. Et en effet, comme l’explique Xavier Mathieu, syndicaliste CGT et ancien représentant des "Contis" : « Ça a été une belle fumisterie puisque les gens ont accepté de baisser leur salaire, de revenir à 40 heures, de perdre une bonne partie de leurs primes de vacances et de fin d’année, pour, au bout d’un an et demi deux ans, se faire foutre à la porte. Non seulement ça n’a pas servi à sauver notre boîte, mais en plus les économies réalisées pendant ces deux ans ont servi en partie à payer le plan social de ceux qui ont fait ces efforts pendant ces deux ans. Ils n’ont même pas été capables de respecter au moins la pérennité du site jusqu’à 2012. C’est pas du donnant-donnant, c’est du perdant-perdant pour les salariés ! Il ne faut jamais accepter ce genre de chantage, parce que de toute façon ça conduit à votre perte ».

La Rédaction, avec Emilie Valès