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Des anciennes ouvrières de Lejaby ouvrent leur atelier

A Yssingeaux, en Haute-Loire, les ouvrières de Lejaby n'ont pas toutes bénéficié du plan de sauvetage intervenu en pleine campagne présidentielle. Certaines d'entre elles ont donc décidé de prendre leur destin en main en montant leur propre atelier de faç

A Yssingeaux, en Haute-Loire, les ouvrières de Lejaby n'ont pas toutes bénéficié du plan de sauvetage intervenu en pleine campagne présidentielle. Certaines d'entre elles ont donc décidé de prendre leur destin en main en montant leur propre atelier de faç - -

par Catherine Lagrange LYON (Reuters) - Les ouvrières de Lejaby, qui n'ont pas toutes bénéficié du plan de sauvetage intervenu en plein campagne...

par Catherine Lagrange

LYON (Reuters) - Les ouvrières de Lejaby, qui n'ont pas toutes bénéficié du plan de sauvetage intervenu en plein campagne présidentielle à Yssingeaux (Haute-Loire), ont décidé de prendre leur destin en main et de monter leur propre atelier de façonnage.

Le projet, baptisé "Les Atelières", prévoit l'ouverture, pour le 15 octobre, d'un atelier de 25 ouvrières, spécialisé dans le façonnage de lingerie et de maillots de bain haute couture.

Il a vu le jour sous l'impulsion d'une chef d'entreprise villeurbannaise, dirigeante d'une agence de communication, qui s'est émue de l'histoire industrielle de Lejaby et du sort réservé à ses ouvrières.

"Je me suis toujours intéressée à l'histoire du textile dans cette agglomération", confie Muriel Pernin, 49 ans. "J'ai été émue par le fait que des ouvrières au savoir-faire exceptionnel se retrouvent sans emploi et sans espoir d'en retrouver dans leur métier".

Elle s'est également inquiétée de la perte du savoir-faire en matière de corsetterie haut de gamme sur le sol français.

En décembre dernier, Lejaby, implanté en Rhône-Alpes et en Auvergne et placé en liquidation, avait été racheté à la barre du tribunal de commerce par Alain Prost qui a maintenu 190 emplois à Rillieux, où l'on s'adonne désormais à la maroquinerie, mais aussi fermé le site d'Yssingeaux.

Un an auparavant, la fermeture des sites de Bourg-en-Bresse, du Teil et de Bellegarde avait entraîné le licenciement de plusieurs centaines d'ouvrières.

Pour lancer l'atelier, Muriel Pernin a réuni 100.000 euros de fonds qu'elle souhaite compléter par 150.000 euros. Elle compte pour cela sur des investisseurs de bonne volonté mais également sur une souscription publique lancée par l'association "Les Atelières" qui doit entrer au capitale de la SAS.

"Soutenez-nous avec 10 euros. Les Atelières lancent leur souscription", indique l'association sur ses comptes Facebook et Twitter depuis le début de semaine.

"En deux jours, les résultats dépassent nos espérances", se réjouit Muriel Pernin. "Les Français ont envie d'arrêter de pleurer sur leurs emplois perdus et de se mobiliser".

"MADE IN FRANCE"

L'appel a été entendu par le public, mais également par les donneurs d'ordre. Plusieurs maisons de haute-couture françaises ont déjà pris contact avec Les Atelières pour leur confier la fabrication de certaines pièces de leur collection.

"Ces maisons ont aujourd'hui besoin d'afficher du 100% Made in France", dit Muriel Pernin.

"Notre commande va permettre de lancer l'atelier", indique de son côté Alain Prost, le nouveau patron de la Maison Lejaby, ardent défenseur du "luxe à la française".

Il assurera pour commencer un tiers du chiffre d'affaire des Atelières. "Ce projet est viable et même porteur d'un gros potentiel".

Dans le cadre du partenariat qu'il engage avec les Atelières, Alain Prost, fournira, en plus de ses commandes, les machines à coudre à un prix avantageux ainsi que la formation des 25 ouvrières d'octobre à décembre prochain.

Parmi les partenaires également, Nicole Mendez, ouvrière Lejaby et délégué CFDT qui a été de toutes les batailles syndicales de l'entreprise.

"On croit à fond à ce projet et on a le devoir de réussir", dit cette dernière. "On se rend compte aujourd'hui que le luxe veut relocaliser sur le territoire français. Il était temps. Il allait bientôt être trop tard, il n'y a déjà plus d'école de corsetière".

Elle-même, bientôt à la retraite, envisage de venir former aux Atelières ses jeunes collègues pour assurer la relève.

Après la reprise, en février dernier de l'usine Lejaby par un maroquinier sous-traitant de Vuitton, le site de Bourg-en-Bresse (Ain) ainsi que celui du Teil (Ardèche) font eux aussi l'objet de projets de reprise.

édité par Patrick Vignal