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Déremboursement des lunettes: la filière optique menacée?

Montures du lunettier Philippe Lafont, dans sa boutique à Paris.

Montures du lunettier Philippe Lafont, dans sa boutique à Paris. - -

Le gouvernement planche sur un décret visant à plafonner le remboursement des lunettes. L'objectif est de faire baisser les coûts en magasin. Mais la France mise sur une filière optique haut de gamme, qui estime incompressibles les coûts de production.

Le gouvernement s'apprête à publier un décret visant à limiter le remboursement des lunettes par les mutuelles. Objectif: contraindre les opticiens à faire baisser leur prix. Mais les fabriquants français s'inquiètent. Car pour eux, impossible de produire aux tarifs prévus par le décret.

Le remboursement prévu est de 200 euros maximum par verre, 100 euros maximum pour la monture. Or, "aucun fabricant en France n'est capable de produire des lunettes à 100 euros", estime Philippe Lafont, créateur de montures de lunettes. Ses lunettes premier prix, il les vend 170 euros. Un montant incompressible selon lui, car dû au coût de la main d'oeuvre et à la qualité des matériaux.

Une filière qui mise sur le haut de gamme

Dans le secteur de l'optique, la France mise en effet sur le haut de gamme. Un parti pris de la qualité jusqu'alors gagnant. En 2012, Krys group a par exemple rapatrié sur son site de Bazainville, dans les Yvelines, la production de 250.000 verres fabriqués en Asie, et 40 personnes ont ainsi pu être embauchées.

Mais la réforme pourrait menacer les 150 emplois du site: un verre sorti de cette usine est en effet vendu 300 euros en magasin. "En tirant les prix vers le bas, la réforme va entraîner des importations plus importantes et une baisse significative de la fabrication en France. A terme, l'emploi dans nos entreprises peut être menacé", s'inquiète Christophe Lallau, le directeur de l'usine.

"Se tourner vers les pays à bas coûts"

Même sombres conjectures chez le créateur Philippe Lafont. Pour lui, si le décret passe, "l'usine avec laquelle on travaille, où il y a 150 personnes, va être rayée de la carte", et lui se verra "obligé d'aller dans des pays à bas coûts". "Ca me fend le coeur", conclut-il.

M. T. avec Cécile Danré