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Emploi

Depuis la crise, il devient de plus en plus dur pour la classe moyenne de trouver un job

Selon Nathalie Loiseau, 500.000 emplois ont été créés en deux ans sous la gouvernance d'Emmanuel Macron

Selon Nathalie Loiseau, 500.000 emplois ont été créés en deux ans sous la gouvernance d'Emmanuel Macron - Capture

La structure de l'emploi en France s'est profondément modifiée ces dernières années. Les postes de management et d'ingénieurs sont en augmentation, tout comme les emplois non qualifiés. Mais la part des emplois intermédiaires, elle, régresse.

Employés de bureau et ouvriers qualifiés sont de moins en moins nombreux en France. La disparition des emplois intermédiaires s'est accélérée depuis la crise de 2008, et le phénomène est particulièrement frappant dans l'Hexagone. C'est le constat que font deux économistes, Ariell Reshef et Farid Toubal, dans un ouvrage publié par le Centre pour la Recherche Economique et ses applications (Cepremap), repéré par Les Echos.

Ils ont étudié les heures travaillées dans plusieurs catégories d'emploi entre 1994 et 2013, en distinguant la période d'avant et d'après crise. Les variations montrent que les emplois des classes supérieures ont gagné du terrain depuis 2008. Par exemple, les postes de managers ne représentaient que 9,95% des emplois avant la crise (sur la période 1994-2007), et ils sont passé à 10,4% après (sur la période 2008-2013). Les ingénieurs connaissent aussi de belles heures, en passant de 9,16 à 12,53% des emplois. 

Moins d'ouvriers et d'employés de bureau

Les classes populaires sont elles aussi en augmentation : les travailleurs des services sont passés d'une part dans l'emploi total de 11,19% à 14,39%. Une hausse portée par le développement notamment des postes de livreurs et des salariés de la propreté.

Dans le même temps, les classes moyennes sont en difficulté. Les ouvriers non qualifiés sont passés de 13,81% à 10,87% des emplois, les ouvriers qualifiés ne représentent plus que 25,91% des emplois, contre 26,63% avant la crise. Les jobs d'employés de bureau sont aussi en déclin, en passant de 24,46% à 21,27% des emplois.

"Un choc conjoncturel -la crise- a renforcé le mouvement structurel de polarisation de l'emploi dans l'économie française" explique Farid Toubal au quotidien. Cet effet est largement dû au progrès technologique, qui ont mis en évidence les deux économistes, bien plus que l'impact du commerce international.

Miser sur la formation

Pour Ariell Reshef, la France est même l'un des pays où la polarisation de l'emploi s'accélère le plus. Un phénomène qui doit inquiéter car il contribue à l'affaiblissement des classes moyennes et aux inégalité de revenus. Ce qui a conduit à l'émergence du mouvement des gilets jaunes.

Pour enrayer le repli des classes moyennes, les chercheurs prônent l'éducation et la formation. "Il est important de disposer d'un système de formation professionnelle flexible et réactif, visant à aider les personnes qui perdent leur emploi à acquérir rapidement les compétences nécessaires pour un prochain poste qui pourra relever d'une profession différente", font-ils valoir dans Les Echos.

Coralie Cathelinais