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De plus en plus de cadres sont prêts à changer d'entreprise pour gagner plus

Dans un marché de l'emploi en forte tension, la rémunération s’affirme comme la principale motivation à quitter son employeur, selon une étude de l'Apec.

Les cadres ont les cartes en main et ils en profitent. Avec un marché du travail qui leur est très favorable, ils n'hésitent plus à démissionner, convaincus qu'ils pourront gagner plus ailleurs et rapidement. Cette tendance se confirme dans le dernier baromètre* de l'Apec (Agence pour l'emploi des cadres) pour le quatrième trimestre.

Gilles Gateau, directeur général de l'Association Pour l'Emploi des Cadres (APEC) - 10/11
Gilles Gateau, directeur général de l'Association Pour l'Emploi des Cadres (APEC) - 10/11
5:22

Ainsi 37% des cadres projettent de changer d’entreprise au cours des 12 prochains mois, un niveau stable sur un an mais historiquement très élevé. Et la rémunération s’affirme comme la principale motivation à changer d’entreprise. 48% des cadres mettent en avant cet argument, cinq points de plus qu'en 2022 et huit points de plus par rapport à 2021.

"La motivation de gagner plus revient au-dessus"

"La volonté de voir sa rémunération augmenter domine nettement la hiérarchie des moteurs de la mobilité des cadres, devant la recherche de meilleures conditions de travail (32%), de meilleures perspectives d’évolution (29%), ou de missions plus intéressantes (27%)", peut-on lire dans le baromètre.

"La motivation de gagner plus revient au-dessus très fortement", confirme Gilles Gateau, directeur général de l'Apec, sur le plateau de Good Morning Business ce vendredi.

Surtout, 44% des cadres estiment qu’ils pourraient gagner au moins 5% de plus s’ils changeaient d’entreprise pour un poste équivalent. C'est 15 points de plus par rapport au 4e trimestre 2022.

Ceux de moins de 35 ans sont encore plus persuadés de pouvoir bénéficier d’une rémunération plus élevée en changeant d’entreprise (51% en septembre 2023, soit 13 points de plus en un an).

Craintes face à l'inflation

Cette volonté serait nourrie par les craintes des cadres face à l'inflation. "Les préoccupations des cadres pour leur pouvoir d’achat continuent de se renforcer. 69% d’entre eux se déclarent inquiets à ce sujet, soit quatre points de plus qu’en septembre 2022", peut-on lire.

"Les cadres perçoivent davantage qu’il y a un an la pression sur les salaires induite d’une part par le contexte inflationniste, et d’autre part par les difficultés de recrutement", poursuit l'Apec.

Reste à savoir si cette tendance va se maintenir. Car le ralentissement des intentions de recrutement de cadres se confirme. 123.200 offres d'emplois ont été publiées au 3e trimestre 2023, soit 13% de moins qu’au 3e trimestre 2022. C'est le troisième trimestre consécutif à la baisse.

"Il y a un ralentissement par rapport à des niveaux qui étaient exceptionnels, pas un retournement", nuance néanmoins Gilles Gateau.

En effet, "à ce stade, rien ne laisse présager que ce recul se poursuive", note le baromètre de l'Apec. D'autant plus que "les difficultés de recrutement anticipées persistent. Ainsi, 75% des entreprises prévoyant d’embaucher des cadres au 4e trimestre 2023 s’attendent à ce que ce soit difficile" poursuit l'agence.

*Ce baromètre repose sur deux enquêtes menées du 4 au 15 septembre 2023. Une enquête en ligne auprès d’un échantillon de 2.000 cadres, structuré pour être représentatif des cadres du secteur privé en et hors emploi, en matière de sexe, d’âge, de secteur d’activité, de taille d’entreprise et de région. Une enquête téléphonique auprès d’un échantillon de 1.000 entreprises (uniques et sièges) employant au moins un cadre, raisonné puis pondéré pour être représentatif des entreprises du secteur privé employant au moins un cadre en matière de secteur d’activité, de taille salariale et de région d’implantation du siège.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business