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Emploi

Cumuler les emplois, une nouvelle tendance française

Les Chiffres du chômage qui sont attendus ce jeudi devraient être encore mauvais pour le 18e mois consécutif

Les Chiffres du chômage qui sont attendus ce jeudi devraient être encore mauvais pour le 18e mois consécutif - -

Ce jeudi en fin d'après-midi seront publiés les chiffres du chômage. Après 18 mois de hausse, ils resteront mauvais. Pour lutter contre les fins de mois difficiles et la perte éventuelle d'emploi, certains cumulent les jobs.

Il y a ceux qui n'ont pas de travail et ceux, de plus en plus nombreux, qui ont en ont deux car ils n'ont pas assez pour vivre. Souvent, les travailleurs précaires additionnent les temps partiels. Voire, parfois, un temps complet et un temps partiel. Telles sont les solutions des travailleurs pour arrondir les fins de mois et anticiper une perte d’emploi. La France compterait aujourd'hui plus d'un million de salariés qui cumulent plusieurs emplois, soit un salarié sur vingt, selon l'Insee, condamné à jongler entre plusieurs employeurs ou plusieurs métiers. Condamné, oui, car ces cumulards n'ont souvent pas le choix. Pour eux, il s'agit de joindre les deux bouts en fin de mois, quand arrivent les traites de la maison à payer, les impôts, les factures.

Cumuler sans dépasser la durée maximale

Légalement, le cumul est possible, à condition de ne pas dépasser la durée maximale de travail autorisée par la loi : tout dépend de la convention sous laquelle est placée votre entreprise et de la législation qui encadre votre poste. Dans le privé, elle est généralement de 10 heures par jour et de 48 heures par semaine.
Parfois, la ligne rouge est franchie : certains salariés travaillent en horaires de nuit pour un employeur... alors qu'ils viennent de finir une journée de travail de jour pour un autre... Un cas de figure strictement interdit : le salarié s'expose à un licenciement si son double emploi est découvert par son employeur de jour. De plus, en cas d'accident du travail, les revenus ne sont pas garantis.

« Infirmière scolaire la semaine, en maison de retraite le week-end »

Caroline est infirmière, et comme plus d'un million de Français, un seul emploi ne lui permet pas d’assurer tout le mois pour elle et ses deux enfants. Alors, en plus de son travail la semaine, ses week-ends sont mis à contribution pour mettre un peu de beurre dans les épinards : « Je suis infirmière scolaire pendant la semaine. Le week-end, je travaille dans une maison de retraite. Je gagne en tout 2 600 euros. Pour mon emploi d’infirmière scolaire je gagne plus ou moins 1 800 euros. J’habite dans un HLM, le loyer est de 600 euros, il y a le crédit de la voiture… C’est un peu compliqué, à Paris, avec deux enfants ».
Caroline est convaincue qu'elle n’est pas le seule dans ce cas : « Toutes les infirmières de France et de Navarre, je pense, cumulent deux emplois. C’est un peu sous le manteau. Mais on ferme les yeux car il y a un vrai besoin d’infirmières », confie-t-elle à RMC.
Des propos confirmés par Louis Chauvel, chercheur à l’Observatoire du travail : « C’est quelque chose de plus en plus général. On le trouve beaucoup en bas de l’échelle sociale (livreur de pizza, serveur, taxi…) ». Si cette tendance est assez nouvelle en France, aux Etats-Unis par exemple, cela fait des années que les travailleurs cumulent plusieurs emplois pour s’en sortir.

Tugdual de Dieuleveult avec H. Perrier