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Coronavirus: privés de voyages, les VRP sont à la peine

L’agenda des commerciaux est tout chamboulé avec l’épidémie du coronavirus qui se propage dans toute l’Europe.

L’agenda des commerciaux est tout chamboulé avec l’épidémie du coronavirus qui se propage dans toute l’Europe. - Stela-Di- Pixabay CC

Avec la crise du coronavirus, responsables commerciaux et VRP doivent se résoudre à limiter leurs déplacements, avec l'impression pour certains de "tourner en rond". Toutes les entreprises ne sont pas touchées de la même manière mais toute la profession ou presque est concernée

En temps normal, ils multiplient les voyages, les rendez-vous d'affaires et les salons professionnels. Mais l’agenda des commerciaux est tout chamboulé avec l’épidémie du coronavirus qui se propage dans toute l’Europe.

"Dans 15 jours, j'étais censé aller en Italie: c'est annulé. Et dans un mois, je dois aller en Espagne: il est possible que ça tombe à l'eau aussi". Pour Sébastien Gèze, directeur commercial des laboratoires Cotral, l'expansion du coronavirus a pris l'allure d'un casse-tête.

Dans cette société de 250 personnes spécialisée dans la protection auditive sur mesure des salariés, difficile de travailler sans aller à la rencontre des clients."Notre métier implique de faire des empreintes auriculaires. Pour les phases de négociation, on peut utiliser des outils de visioconférence, mais pour le reste un contact physique est inévitable", explique le quinquagénaire, qui juge difficile de s'"adapter".

Un métier où le relationnel est primordial

Même dilemme pour Frédéric, responsable technico-commercial d'une entreprise de BTP basée à Strasbourg. Habituellement, ce salarié de 34 ans se trouve en déplacement trois à quatre jours par semaine. Depuis la crise du Covid-19, il ne voyage quasiment plus.

"Je travaille à distance, mais c'est compliqué", raconte-t-il. "Mon métier, c'est du relationnel, et le relationnel ne peut pas se faire uniquement par mail et téléphone. Ne pas voir mes clients, c'est prendre le risque de perdre des affaires", soupire-t-il.

Danone, Total, Seb... Depuis le début du mois de mars, la quasi-totalité des entreprises hexagonales ont suspendu les missions de leurs salariés dans les "zones à risques". Une mesure qui touche en premier lieu les "commerciaux", dont le travail consiste précisément à se déplacer.

Des salons annulés ou reportés

"Le coeur de notre métier, c'est de voyager. Du coup, nous sommes en première ligne quand il y a des restrictions", explique à l'AFP un cadre dirigeant d'une société d'agroalimentaire, contraint de travailler à domicile alors que son quotidien consiste d'ordinaire à sauter d'un avion à l'autre. "Ma femme et mes enfants sont très contents. Mais je sais que je prends du retard, et que tout cela va s'accumuler", glisse ce quadragénaire, qui évoque une situation "déroutante". "On a l'impression de tourner en rond et de ne pas être efficace", ajoute-t-il.

Selon l'agence Expensya, spécialisée dans la gestion des notes de frais, les voyages d'affaires vers l'étranger ont baissé de 35% sur les 10 premiers jours de mars. À l'échelle des voyages internes en France, la baisse des frais de déplacement a atteint 25% pour les grands groupes et 10% pour les PME.

"Toutes les entreprises ne sont pas touchées de la même manière mais toute la profession ou presque est concernée", souligne Alain Bohn, président de la Fédération nationale des agents commerciaux (Fnac), qui dit n'avoir "jamais vu ça en quarante ans de carrière".

Une source d'inquiétude pour l'ensemble des agents commerciaux, qu'ils soient indépendants ou salariés. "Beaucoup de salons sont annulés ou reportés. Or c'est sur ces événements que nous présentons nos produits et que nous rencontrons nos clients", insiste M. Bohn.

La crainte de voir le chiffre d'affaires baisser

Quelles seront les conséquences de ces restrictions sur l'activité des entreprises concernées ? Pour les acteurs du marché interrogés par l'AFP, tout dépendra de la durée de la crise et de son évolution géographique, chaque entreprise ayant en outre ses spécificités.

En Italie, certains clients "ne veulent plus prendre le risque d'avoir des commerciaux qui viennent les voir. Donc forcément à un moment cela aura peut-être un effet", estime Charlotte Dennery, directrice générale de BNP Leasing solutions, filiale spécialisée dans la location d'équipements professionnels.

"Si des contrats ne sont pas signés, inévitablement, il y aura des baisses de chiffre d'affaires pour les entreprises et des baisses de revenu pour les agents qui vivent de leurs commissions", prévient Alain Bohn. Qui dit espérer que l'épidémie "ne durera pas trop dans le temps".

C.C. avec AFP