BFM Business
Emploi

Comment l'industrie veut redorer son image et susciter des vocations

L'industrie recrute des ingénieurs et des data scientists, mais aussi des chaudronniers, des soudeurs, des techniciens de production.

L'industrie recrute des ingénieurs et des data scientists, mais aussi des chaudronniers, des soudeurs, des techniciens de production. - Bertrand Guay- AFP

La caravane du French Fab Tour va sillonner l'Hexagone pour mettre en valeur l'industrie et insister sur la formation. Le secteur bénéficie d'une dynamique favorable et créé des emplois. Mais actuellement 50.000 postes ne trouvent pas preneur.

L'industrie française doit "se battre" pour appuyer son "redressement", a déclaré cette semaine la secrétaire d'Etat à l'Economie Agnès Pannier-Runacher. "Il faut répondre aux grands enjeux de l'industrie" et "le combat est loin d'être gagné", a souligné la secrétaire d'Etat lors du lancement du "French Fab Tour" à Laval (Mayenne). Soutenu par Bercy, et appuyé par Bpifrance, France Industrie, l'Alliance Industrie du Futur et les Régions, cette caravane proposera dans une soixantaine de villes des animations en direction du public scolaire, des échanges entre étudiants et industriels. en plus de promouvoir l’industrie, cette initiative doit susciter des vocations chez les jeunes et proposer des offres d’emploi.

"L'industrie recrute et on n'a pas les compétences aujourd'hui pour répondre à ces besoins. C'est inimaginable, c'est scandaleux", a-t-elle lancé. L'industrie propose actuellement 50.000 emplois qui ne trouvent pas preneur, et globalement le secteur recrute 250.000 personnes par an, selon ses chiffres.

Des offres qui vont de l'ingénieur au soudeur

L'enjeu est partagé par les chefs d'entreprise: "40% ont du mal à (...) recruter et en même temps, nous avons cinq millions de chômeurs", a dit le président de France Industrie, Philippe Varin, en appelant à "un travail d'explication, de pédagogie, notamment auprès des jeunes".

Ces recrutements concernent "des ingénieurs et des data scientists", mais aussi "des chaudronniers, des soudeurs, des techniciens de production", a observé la secrétaire d'Etat, qui veut donner aux jeunes l'envie de se tourner vers les métiers industriels.

Parmi les initiatives annoncées, une plateforme recensant les possibilités de stages en entreprise pour les collégiens de troisième et un renforcement de la Semaine de l'Industrie à la fin mars.

Bruno Bouygues, PDG de l'entreprise Gys, qui fabrique notamment des générateurs de soudure à Saint-Berthevin dans la banlieue de Laval, a noté l'importance de la transmission des savoirs, face à "une diminution très rapide des compétences en gestes techniques". En matière de formation, il a regretté un "trou dans la raquette", au niveau des techniciens, entre les ingénieurs et les opérateurs, et insisté sur l'ouverture à l'international pour son entreprise qui exporte 50% de sa production.

Le secteur industriel bénéficie d'une dynamique favorable: "depuis deux ans, il y a un mouvement de réindustrialisation de la France qui est important", a assuré Agnès Pannier-Runacher. L'industrie crée plus de sites qu'elle n'en ferme. Mais "ce redressement industriel (...) est fragile et c'est précisément parce qu'il est fragile qu'on doit se battre", a-t-elle ajouté.

Cette action est d'autant plus nécessaire, selon la secrétaire d'Etat, que la France est "dans un temps de doute lié à un chômage de masse et à un sentiment de déclassement, et de déclassement aussi des territoires".

Améliorer son image

En vingt ans, la France a perdu un million d'emplois dans l'industrie, et "cette perte d'emplois a fait perdre à des territoires des savoir-faire, de la confiance", a-t-elle observé. "L'industrie est une des clés pour répondre à ce moment de doute", a-t-elle ajouté, en rappelant qu'un emploi industriel créé génère de trois à quatre emplois indirects, et que l'industrie est aussi "un moyen de réactiver l'ascenseur social".

Pour le directeur général de la banque publique Bpifrance, Nicolas Dufourcq, la France est "en train de rebâtir une industrie qui devrait normalement faire 15% à 20% du PIB" (contre 12% aujourd'hui), mais "cela prendra entre 20 et 30 ans".

Dans l'immédiat, outre la question de l'emploi, l'industrie doit améliorer son image, souvent liée aux entreprises en difficulté, et renforcer son attractivité vis à vis de l'étranger. Ce sera l'objet de l'initiative "Choose France" la semaine prochaine en direction d'investisseurs du monde entier, et du déploiement de la bannière "French Fab" à l'international.

Coralie Cathelinais avec AFP