Comment décrocher un job d’été malgré la crise?

En cet été 2020 qui ne ressemblera à aucun autre, le nombre d’annonces d’emplois saisonniers est bien moindre que d’habitude. Mais tout n’est pas perdu pour les candidats prêts à patienter un peu et à sortir des villes.

Pas simple actuellement de trouver un job d'été. Le nombre d'offres d'emplois saisonniers a beaucoup reculé par rapport à 2019, par exemple sur le site de recrutement Indeed. Et sur celui du Centre d’information et d’orientation jeunesse (CIDJ), les quelques 1.200 annonces recensées le 9 juin ne représentent que la moitié du total comptabilisé à la même période l'année dernière.

Mais il ne faut pas désespérer: ces annonces pourraient retrouver leur niveau habituel dans les prochaines semaines. Et si on renonce à trouver un emploi de serveur, il y a toutes sortes de possibilités de recrutement. Voici ce qu’il faut savoir pour trouver son job d'été 2020.

> De nouvelles salves d’offres tout l’été 

D’ordinaire, les annonces pour les emplois d’été commencent à être postées début mars, et leur nombre s’effondre début juin. Cette année, “le confinement a retardé l’arrivée des nouvelles offres, mais depuis le 18 mai, on constate une énorme augmentation, qui s’est poursuivie la première semaine de juin”, rassure Alexandre Judes, analyste de données sur Indeed.

“On s’attend à ce que de nouvelles salves d'offres de postes interviennent tous les 15 jours jusqu’à la mi-août. Elles porteront sur des contrats saisonniers beaucoup plus courts que les années précédentes, de quelques semaines, pour recruter au fur et à mesure de la saison en fonction des besoins réels”, prévoit de son côté Valérie Deflandre, conseillère au CIDJ. Elle recommande donc aux candidats malheureux de “ne pas se démotiver”, de “continuer de garder un oeil sur les annonces” et d’être “attentifs à l’évolution des besoins”. 

> Un top 5 des profils recherchés chamboulé

Autre différence en 2020 par rapport à un été classique: le type de saisonniers recherchés. En 2019, sur Indeed, les recruteurs de l’été visaient en premier lieu des cuisiniers, puis des équipiers, des aides à domicile, des vendeurs et enfin des serveurs. En cet été 2020 bouleversé par la fermeture des frontières, la réouverture compliquée des restaurants et le manque de visibilité, le top n'a plus rien a voir. Ce sont les aides à domicile qui sont prioritairement recherchées, suivi des préparateurs de commande, des vendeurs et des ouvriers viticoles. Les annonces pour recruter des serveurs n’arrivent qu’en 20e position, et pour des cuisiniers en 23e.

Au CIDJ, on remarque en outre une très forte hausse des offres dans la grande distribution, dans les mutuelles, les centres d’appel d’assistance/rapatriement, et une timide reprise des annonces des hôtels "encourageante". 

En face, parmi les mots-clés les plus tapés par les candidats, le terme “serveur” explose. Le spécialiste d’Indeed leur recommande donc de changer de braquet car “pour l’instant, ils cherchent des postes qui n’existent plus”.

> Moins de jobs d’été en ville, davantage à la campagne

Ceux qui veulent travailler en juillet et août devront sans doute abandonner l’idée de rester en ville. Car les secteurs qui y recrutent énormément d’ordinaire -la restauration, les musées, les cinémas, les hôtels, les aéroports comme Roissy et Orly, les magasins- ne voient pas encore la reprise.

“D’un autre côté, l’agriculture, avec les frontières toujours fermées, postent davantage d’offres que de coutume pour les vendanges, le ramassage des fruits, et toutes sortes de travaux agricoles”, souligne Alexandre Judes d'Indeed.

Ce phénomène se constate d’ailleurs dans le classement des régions qui recrutent le plus de saisonniers d'Indeed. L’Ile-de-France, qui caracole chaque année en tête ou en deuxième de ce top, n’est actuellement que la 5e région pourvoyeuse d’emplois d'été. Les Pays de la Loire, la Nouvelle Aquitaine, l’Auvergne-Rhône Alpes et la Bretagne l’ont largement dépassée. 

> Des recruteurs plus exigeants que d’habitude

Depuis que les entreprises recommencent à chercher des saisonniers, “elles ont adopté le même niveau d’exigence que pour un emploi qualifié ou une alternance”, indique Valérie Deflandre du CIDJ. Elle conseille donc aux candidats d’adapter le CV qu’ils envoient au type de poste pour lequel ils candidatent, “afin que le recruteur sente qu'ils visent spécifiquement ce travail et ont une connaissance des missions qu’ils auront à réaliser”.

Elle recommande également de ne pas attendre que les offres soient publiées. “Si vous voulez aller dans telle entreprise, occuper tel poste, candidatez directement par mail ou via les réseaux sociaux, en parlant de vos atouts, du genre de poste que vous pouvez assurer, et de vos disponibilités. Et terminez par ‘n’hésitez pas à faire appel à moi’”. Elle en est persuadée, cette année plus que les autres, la “candidature spontanée peut fonctionner”. 

Nina Godart