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Emploi

Chômage des seniors: Dussopt veut repousser l'âge d'accès à une indemnisation plus longue

En repoussant les deux bornes d'âge donnant droit à des durées d'indemnisation étendues, le ministre du Travail entend prendre en compte le recul de l'âge légal du départ à la retraite.

Le ministre du Travail Olivier Dussopt veut repousser l'âge d'accès aux avantages destinés aux demandeurs d'emploi seniors en matière d'indemisation. Actuellement, les demandeurs d'emploi âgés de plus de 55 ans bénéficient d'une durée maximale d'indemnisation chômage de 27 mois, contre 18 mois pour les moins de 53 ans. Cette durée d'indemnité atteint 22,5 mois pour les allocataires âgés de 53 à 54 ans.

Deux bornes d'âge actuellement fixées à 53 et 55 ans que le ministre du Travail semble vouloir repousser respectivement à 55 et 57 ans.

"Nous souhaitons que cette majoration de la durée d'indemnité des demandeurs d'emploi seniors soit décalée de deux ans, à 55 et 57 ans, pour être cohérents avec ce que nous avons fait sur l'âge de départ à la retraite et parce que nous savons qu'un des enjeux pour le plein emploi en France, c'est l'emploi des seniors", a dit Olivier Dussopt lors de l'émission "Questions politiques" (France Inter, France Télévisions et Le Monde).

Un taux d'emploi des seniors plus faibles qu'ailleurs

Avec cette proposition, Olivier Dussopt défend une ligne moins radicale sur la question que Bruno Le Maire. Le locataire de Bercy plaidait fin novembre pour un alignement des durées d'indemnisation des seniors sur les autres demandeurs d'emploi à 18 mois et donc pour une suppression des avantages accordés à cette classe d'âge. Il estimait qu'une indemnisation plus longue pour les plus de 55 ans était une façon de "mettre à la retraite de manière anticipée les plus de 55 ans".

Mais pour Olivier Dussopt, "la question n'est pas tant la durée (d'indemnisation) que de faire en sorte que nous n'ayons pas des systèmes" qui incitent à "sortir les seniors du marché de l'emploi". "Nous avons un taux d'emploi des seniors qui est 10 à 15 points en dessous de la moyenne européenne", a-t-il rappelé.

Un relèvement de deux ans des bornes d'âge devra "s'accompagner d'un effort de formation", a précisé le ministre du Travail.

Un point de discorde avec les partenaires sociaux

Il a par ailleurs défendu la rupture conventionnelle, un dispositif qui là encore ne doit pas être utilisé pour faire sortir plus tôt des seniors du marché du travail.

"Nous voulons trouver les moyens" pour que "la rupture conventionnelle ne soit pas utilisée comme un outil de sortie du marché du travail des seniors, mais que cela reste un outil de fluidité, de liberté" et d'accord réciproque entre le salarié et son employeur, a détaillé le ministre.

La question des seniors est le principal point de discorde entre l'exécutif et les syndicats sur l'assurance chômage. Le gouvernement souhaite en effet que la réforme des retraites, et le nouvel âge de départ qu'elle a instauré, soit prise en compte dans les négociations. Mais l'accord négocié entre les partenaires sociaux ne contenait aucune mesure allant dans ce sens, ce qui avait poussé Matignon à le retoquer.

Résultat: les partenaires sociaux ont désormais six mois pour revoir la copie et répondre à la demande du gouvernement sur la question des seniors.

Nina Le Clerre avec AFP