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Chartres, la ville qui a fermé la porte à un géant du e-commerce et ses 2000 emplois à la clé

Un poids lourd du web a manifesté son intention de construire une plateforme logistique dans la ville d'Eure-et-Loir. Le maire assume son choix d'avoir préféré privilégier "l'équilibre sociologique" plutôt que des emplois "dépourvus de valeur ajoutée".

Beaucoup d'élus auraient fait les yeux doux à une entreprise cherchant à s'implanter sur leur commune avec la perspective de créer des milliers d'emplois. Ce n'est pas le cas de Jean-Pierre Gorges, maire sans étiquette de Chartres et président de Chartres Métropole, qui ne cache pas son choix d'avoir refusé la construction d'une plateforme logistique au printemps 2018, selon L'Echo Républicain. La proposition venait d'un géant du e-commerce, concurrent d'Amazon, qui prévoyait de s'implanter sur 20 hectares et de créer 2000 emplois.

Chartes doit rester "une ville de province"

Pour l'élu, ce projet aurait profondément changé sa ville, et comportait plus d'inconvénients que d'avantages. Il estime qu'une "telle implantation serait préjudiciable à l’équilibre sociologique et démographique de l’agglomération." Pour lui "Chartres est et doit rester une ville de province".

"Il faut respecter un certain nombre de codes et moi faire de l'abattage comme ça pour ramener les entreprises et pour dire que je suis plus beau que les autres cela ne m'intéresse pas", expliquait-il en octobre à la radio d'Eure-et-Loir Intensita.

"Quand vous posez 2000 emplois comme cela monotypé, c'est les mêmes c'est du picking, vous allez avoir exactement 2000 personnes qui ont le même profil. La ville de Chartres est trop petite pour absorber ça.", argumentait-il. S'il avait été à la tête d'un bassin de vie de 500.000 habitants, sa réponse aurait été autre car cette installation aurait été indolore. Chartres compte environ 40.000 habitants et l'aire urbaine moins de 150.000. 

Privilégier les petites entreprises

Mais dans le cas présent, cet afflux de population allait demander de nouvelles contraintes à la ville, en termes de logements mais aussi d'écoles. Sans oublier un afflux de véhicules lié à l'activité logistique.

Jean-Pierre Gorges tient à garder la main sur les entreprises qui s'implantent et visent avant tout la diversité des activités et une taille modeste. Il explique ainsi avoir déjà refusé au début de son premier mandat, l'implantation d'une entreprise du secteur automobile qui prévoyait 1000 recrutements. "Je préfère rentrer des petites entreprises de 30, 40, 50 emplois, qui vont peut-être grossir jusqu'à 250 quand elles deviennent trop grosses cela devient des dangers", confie le maire de Chartes à la radio.

Dreux n'a pas pu récupérer le projet

S'il se montre aussi réservé sur les grandes entreprises, c'est qu'il a des doutes sur la pérennité de leur activité. "Ce type d’entreprise s’installe très rapidement et peut repartir tout aussi facilement, en laissant derrière elle les employés sur le carreau. Pour moi, c’est de la poudre de perlimpinpin. "conclut-il.

Toujours selon L'Echo Républicain, le maire de Dreux aurait bien aimé reprendre le projet à son compte, car après la fermeture de grandes usines, l'agglomération compte de nombreux chômeurs dont le profil aurait correspondu. "Je me suis immédiatement tourné vers la Région et son comité de développement économique. Nous avons monté un dossier et avons fait acte de candidature.", explique Gérard Hamel (LR). Mais le géant du e-commerce n'a pas donné suite.

C.C.