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Bruno Le Maire estime que le plein emploi est inatteignable à "modèle social constant"

Invité sur France Inter, le ministre de l'Economie a réitéré sa volonté de durcir les règles de l'assurance chômage en touchant à "la durée d'indemnisation" mais "pas au montant".

La promesse d'Emmanuel Macron de parvenir au plein emploi en 2027 a du plomb dans l'aile. Invité ce lundi sur France Inter, Bruno Le Maire s'est lui-même montré sceptique quant à la capacité de l'exécutif à atteindre cet objectif. "Nous n'y arriverons pas à modèle social constant", a assuré le ministre de l'Économie.

"Je regarde ce qu'il s'est passé depuis plusieurs décennies. Le plein emploi en France, c'est 7%. Dans les autres pays développés, c'est 5%. Donc, il faut s'interroger, se demander pourquoi l'écart est de deux points entre le plein emploi en France et le plein emploi dans les autres pays", a-t-il déclaré.

Pour lui, une des raisons majeures concerne "le sujet de l'assurance chômage". "Nous avons un dispositif d'assurance chômage dans lequel, au bout d'un délai court de deux ans, on peut accéder à la durée d'indemnisation la plus longue: 18 mois", a-t-il rappelé. Et d'ajouter:

"On peut se dire que c'est bien, très protecteur. (...) On peut se dire aussi, ce que je crois, que dans le fond c'est ce qui entretient un taux de chômage à 7% comme niveau le plus bas en France, et moi je ne m'y résous pas".
Doze d'économie : Le plein emploi, c'est jouable ? - 13/02
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"Laisser l'État gérer ce sujet"

Bruno Le Maire a ainsi confirmé sa volonté de réformer une nouvelle fois l'assurance chômage en touchant "à la durée d'indemnisation" mais "pas au montant". Il estime en outre qu'"il faut laisser l'État gérer ce sujet" et non plus les partenaires sociaux. "Je pense que la responsabilité des partenaires sociaux, qui ont un rôle majeur à jouer dans notre pays, c'est l'organisation de l'entreprise, la défense des droits des salariés, la protection des salariés des entreprises et c'est un rôle décisif. Mais la gestion des personnes qui n'ont pas d'emploi et qui doivent en reprendre un c'est à l'État de s'en occuper", a-t-il dit.

Le ministre de l'Économie a également souligné "un point noir: le chômage des seniors".

"Je constate que nous avons un taux d'emploi des plus de 55 ans qui est un des plus faible des pays développés. Je trouve cela révoltant. Quel gâchis de compétence, quel gâchis d'expérience", a-t-il poursuivi, dénonçant l'"hypocrisie" du système actuel "qui vous met du chômage à la retraite directement".

Assurant ne pas "taper contre les seniors" ni "contre les chômeurs", Bruno Le Maire a dit vouloir aligner l'indemnisation des chômeurs de 55 ans sur le droit commun", soit à une durée de 18 mois, au lieu de 27. "On peut aussi demander aux entreprises de faire davantage sur l'emploi des seniors", a-t-il encore affirmé.

Si le locataire de Bercy souhaite s'engager sur cette question c'est parce qu'il dit "croire au travail" qui "structure notre société". "Si nous avions le plein emploi aujourd’hui de 5% que toutes les grandes nations développées ont, je n'aurais même pas besoin de m'occuper des finances publiques. Nous aurions réglé quasiment, à 80 ou 90%, notre sujet de finance publiques", a-t-il conclu.

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis Journaliste BFM Eco