BFM Business
Emploi

Apprentissage: la France joue sur les aides pour aller bien plus loin que l'Allemagne

Les aides à l'embauche d'apprentis seront maintenues jusqu'en 2027, à raison de 6000 euros par jeunes en formation. Cette incitation financière a déjà permis à la France de dépasser l'Allemagne en nombre de nouveaux contrats signés ces dernières années.

C’est désormais acté: les entreprises qui recrutent des apprentis continueront à toucher des aides pour chaque contrat signé. Et ce jusqu’en 2027. Simplifié par rapport aux précédents, le nouveau dispositif prévoit le versement de 6000 euros par embauche à toute entreprise qui recrute des apprentis ou des étudiants en contrat professionnel. Et contrairement aux dispositifs précédents, la prime est désormais la même quel que soit l’âge de l’étudiant et quel que soit le diplôme visé.

6000 euros, cela représente indéniablement une grosse dépense pour l’Etat. D’autant que ces primes séduisent beaucoup d’entreprises. Avant que l’Etat ne les incite financièrement à recruter et former des apprentis, le nombre de contrats signés chaque année ne dépassait pas les 300.000.

L’année dernière, selon le ministère du travail, le cap des 800.000 contrats signés a été atteint. Et le gouvernement se donne pour objectif d’atteindre le cap du million de contrats signés sur l’année 2027, ce qui représente une dépense de 6 milliards d’euros.

Les nouveaux contrats d'apprentissage plus nombreux en France qu'en Allemagne

Mais ce gros investissement a permis à la France de rattraper progressivement son retard par rapport à l’Allemagne où l’apprentissage permet depuis des décennies d’insérer plus facilement les jeunes sur le marché du travail. Si on regarde le nombre de jeunes ayant intégré ces dernières années une formation en alternance, la France a commencer à faire nettement mieux que l'Allemagne en 2021.

Selon Destatis, l'institut statistique fédéral allemand, 466.200 nouveaux contrats d'apprentissage avaient été conclus cette année-là. De sorte qu'en 2021, moins de 1,3 million de personnes suivaient en 2021 une formation professionnelle en alternance dans toute l'Allemagne. Si on prend en compte la différence de taille de nos populations actives respectives, la France est donc déjà parvenue à passer devant l'Allemagne.

En 2021, 60% des nouveaux apprentis visaient un diplôme de l'enseignement supérieur

De bonne augure pour les années à venir, en terme d'emplois puisque de l’autre côté du Rhin, le taux de chômage des moins de 25 ans est trois fois inférieur à celui de la France. Sachant que contrairement à une idée reçue, l’apprentissage n’est pas une voie de garage pour les jeunes en échec scolaire.

Il est même, au contraire, devenu un moyen de poursuivre des études supérieures à moindre frais. En 2021, 60% des étudiants ayant signé un contrat d’apprentissage visaient un diplôme de l’enseignement supérieur contre seulement 22% un CAP. Alors qu’en 2018, les contrats signés visaient à quasiment 60% des diplômes de niveau Bac Pro, BEP ou CAP.

Pierre Kupferman
https://twitter.com/PierreKupferman Pierre Kupferman Rédacteur en chef BFM Éco