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Emploi

Amiante:1200 personnes poursuivent Renault Trucks devant les prud'hommes

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- - Denis Charlet- AFP

Les plaignants, essentiellement des retraités et quelques salariés en fin de carrière, estiment vivre avec une épée de Damocles. Une "vingtaine" de décès liés à l'amiante depuis 2000 et une "quarantaine" de cas reconnus comme maladies professionnelles ont été dénombrés dans l'usine de Vénissieux.

Le conseil des prud'hommes de Lyon examine mardi les demandes de 1208 salariés et ex-salariés de Renault Trucks qui réclament la reconnaissance de leur "préjudice d'anxiété" après le classement "amiante" du site de construction de camions de Vénissieux (Rhône). L'audience, hors normes au vu du nombre de plaignants, a été délocalisée dans une salle polyvalente à Rillieux-la-Pape, dans la banlieue lyonnaise.

"Ces 1200 dossiers sont une première vague, 200 autres doivent être examinés ultérieurement", a précisé à la presse le président de l'association Prévenir et Réparer (APER), Jean-Paul Carret.

Ces plaignants, essentiellement des retraités et quelques salariés en fin de carrière de Renault Trucks à Vénissieux, vivent "toujours avec une épée de Damoclès", a estimé Jean-Paul Carret. "Ça trotte dans les têtes à chaque fois qu'ils apprennent qu'un ancien collègue est mort". L'association APER a recensé au moins une "vingtaine" de décès liés à l'amiante depuis 2000 et une "quarantaine" de cas reconnus comme maladies professionnelles.

Contacté par l'AFP, Renault Trucks n'a pas souhaité faire de "commentaires sur les actions de justice en cours le concernant". Le groupe a toutefois ajouté que l'entreprise "n'avait jamais exposé ses salariés à des risques connus", assurant que "plus aucun produit amianté" n'était utilisé "dans ses processus depuis le 1er janvier 1997".

L'avocat réclame 15.000 euros pour chaque plaignant

Le site de Renault Trucks (ex-RVI), désormais filiale de Volvo, à Vénissieux a été reconnu site amiante par arrêté publié au Journal officiel à l'automne 2016, permettant ainsi aux salariés en poste jusqu'en 1996 d'avoir droit au dispositif de retraite anticipée des travailleurs de l'amiante. Cette inscription concerne la période allant de 1964 à 1996.

"A l'époque, personne n'était averti, on découpait l'amiante à la scie, il n'y avait aucune aspiration, on utilisait des soufflettes pour nettoyer les postes de travail", a déploré Jean-Paul Carret, pour qui la "prise de conscience" a eu lieu à la fin des années 1990 "après les premiers décès".

L'avocat des plaignants, Me Cédric de Romanet réclame 15.000 euros pour chacun d'eux, considérant que "les études épidémiologiques montrent, malheureusement, que le temps d'exposition est sans effet" sur le risque de développer une maladie liée à l'amiante.

Le secrétaire de l'association, Patrick Gérard a pour sa part dénoncé que "sur le plan pénal, la bataille n'avan(çait) pas". "Aujourd'hui, on sait faire condamner l'entreprise mais on n'arrive pas à faire condamner les patrons, les donneurs d'ordre", a-t-il regretté.

Coralie Cathelinais avec AFP